INTRODUCTION
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Entreprises pour l'éducation (pensons-nous, Howard et moi) d'une princesse et d'un prince, les tapisseries de La Chasse, empreintes de foi, visent à conduire sur le chemin de la morale et du salut celle et celui qui les regardent chaque jour.
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Pour Howard Comeau, Jean Perréal a repris dans La Chasse les mises en scène de pièces théâtrales établies par Jean Fouquet (*), peut-être pour illustrer chaque jour de l'année. Ces cartons " pédagogiques " ont pu être utilisés pour éduquer les princes et les princesses, au château d'Amboise entre autres lieux. Mais, bien entendu, les tapisseries des Cloisters sont postérieures à ces mises en scène de Fouquet. James Rorimer note que l'écureuil peut représenter Anne de Bretagne : sur la fameuse tapisserie de Mazarin qui est maintenant dans la collection Joseph Widener à la National Gallery of Art de Washington, Anne, assise au côté de Charles VIII, tient en son giron un écureuil. Alexandre Lenoir écrit en 1819 qu'il y a un autre portrait de la reine avec un écureuil.
Autoportrait de Jean Fouquet, 1450
Dans la scène du " lit de justice ", extrait du manuscrit Boccace, il inclut son autoportrait : en " figure de bord ", debout, sur la droite, touchant le cadre, Jean Fouquet est le personnage qui nous regarde. Il veut nous dire qu'il a été témoin de l'événement. Procès
du duc d'Alençon. Lit de justice de Vendôme en 1458. http://expositions.bnf.fr/fouquet/arret/24/c.htm
Voici une illustration par Jean Fouquet lui-même d'une de ses pièces théâtrales. Il s'agit de la mise en scène, à la manière d'un mystère, du Martyre de Sainte Apolline (Heures d'Étienne Chevalier - Musée Condé - Chantilly) http://expositions.bnf.fr/fouquet/grand/f112.htm Il faut remarquer en haut au centre même de la miniature un trône vide. Son occupant, le roi, un prince, est descendu sur la scène jouer son rôle de monarque (Dèce), donner la réplique, tandis que 'le metteur en scène' dirige les acteurs et les musiciens de sa baguette et lit à haute voix le déroulement de l'épisode joué ce jour. Chacun des spectateurs était ainsi convié à participer activement à la représentation dans ce théâtre fermé où, comme dans les tapisseries de La Chasse à la licorne, le Paradis est à gauche, et l'Enfer à droite.
Mystères et Passions Les
Mystères, qui mettent en scène la vie des saints, et les
Passions, qui racontent celle du Christ, ont connu un véritable
engouement dans les villes à la fin du Moyen Âge. Un spectateur raconte
la Passion organisée à Paris pour le retour du roi Charles
VII : Par ses origines les grandes cérémonies liturgiques - et par ses thèmes, ce théâtre est donc un théâtre religieux, souvent associé à la célébration de la grande messe de Pâques ou de la Pentecôte. Les pièces sont parfois tellement longues qu'il faut plusieurs jours pour les jouer en entier, et elles occupent ainsi la totalité des jours chômés des grandes fêtes chrétiennes. Les Passions racontent toute la vie du Christ, de l'Annonciation à la Résurrection, souvent augmentée de la partie prophétique de l'Ancien Testament, et parfois des ajouts des Évangiles apocryphes, comme l'Évangile de l'enfance. Les pièces sont de plus " farcies ", c'est-à-dire enrichies d'une farce ou d'une sotie comique entre chaque scène sérieuse. La représentation d'un Mystère ou d'une Passion est toujours une grande fête collective, où chacun participe, au moins en tant que spectateur puisque les spectacles drainent plusieurs milliers de citadins mais aussi de villageois des alentours. Les corporations de métiers ou les confréries organisent le Mystère de leur saint patron. Ainsi en 1443 les cordonniers de Paris représentent le Mystère des saints Crépin et Crépinien. La municipalité offre un lieu public pour la représentation la place du marché, les lices du rempart, les anciennes arènes romaines - et octroie des crédits pour dresser un échafaud, des gradins et des galeries. Les jongleurs professionnels apportent leur savoir-faire, mais ce sont des dizaines, voire des centaines d'amateurs qui se font acteurs pour l'occasion, se costumant en anges ou en diables. Un effort considérable est fait pour la mise en scène : le décor est divisé en " mansions " qui représentent tantôt Nazareth, tantôt Jérusalem, ou encore l'Enfer ou le le Paradis. Une machinerie permet d'opérer des ascensions ou des apparitions. Des bassins figurent la montée du Déluge. Fumées et feux d'artifice simulent l'Enfer. On joue les scènes de martyre ou de mort avec le plus grand réalisme. |
Chasseurs
et chiens ont cessé leur excitation antérieure et sont arrêtés
par une scène étrange : à côté d'une fontaine,
miraculeuse en ce cur de campagne, toute une faune paisible est réunie,
dans l'attente d'une eau purifiée par la vertu de la corne de la licorne.
Dans la partie inférieure de la tapisserie 2, c'est, selon la légende
chrétienne, le Jardin du Paradis avant la Chute. C'est
aussi au niveau supérieur, le cercle d'une nouvelle famille baptisée,
des douze apôtres d'une paix souhaitée. Le temps est venu de la rédemption.
Aussi, la licorne doit-elle fuir et combattre, avant de succomber par trahison.
Les gueules animales et les visages humains déformés par la haine
disent la férocité de cette Passion. La
Chasse expose un double parcours aux visées 'pédagogiques'
: le parcours collectif de l'humanité qui se veut complet
de l'Histoire du Monde (depuis la Genèse jusqu'à l'Apocalypse, via
'La Monarchie universelle, l'Universitas christiana) et de l'Histoire de la nation
France (jusqu'à disons 1500) le parcours individuel d'un homme qui marche lui aussi de l'avant, déterminé et sûr du but de sa quête, Pèlerin vers la Pierre Philosophale : la Lumière et la Sagesse.
La
présentation dessinée et tissée de cette 'marche' concomitante
est réalisée avec des apports stylistiques divers en une période
charnière, où l'on passe selon l'expression de Daniel Arasse (Histoires
de peintures, Denoël, 2004) " de la mémoire à la rhétorique
" : la présence multiple du même personnage (par
exemple la licorne) dans la même tapisserie la possibilité
polysémique donnée à un personnage ou à un élément
de posséder plusieurs 'sens' la perspective renaissante (dans
la représentation des villes) le mouvement dont Alberti parle dans son De Pictura et qui intéresse les artistes de la Renaissance. L'art de la mémoire mis ici en uvre ne passe plus par des espaces compartimentés fixes mais par d'amples mouvements où agissent en une extrême mobilité un grande nombre d'éléments (personnes, animaux, objets) aux 'emplois' divers. L'unification recherchée est dans ce maelström même qui est celui du monde 'nouveau' en mouvement que la Renaissance découvre. Ce mouvement dessiné signifie à la fois, depuis le point et l'instant 'zéro' de la Création, le devenir et l'unité dans une volonté de convaincre et d'émouvoir. La Chasse est peut-être l'un des plus beaux exemples "de ces synthèses, passages et mélanges entre structure de mémoire et structures modernes de la Renaissance" selon l'expression de Daniel Arasse (p.122).
La
Chasse participe peut-être aussi à la construction du "
paysage ésotérique occidental moderne " selon l'analyse de
Antoine Faivre : " La fin du XVème siècle a vu se constituer ce qu'on pourrait appeler l'ébauche du paysage ésotérique occidental moderne due à l'apparition de courants nouveaux, à la réactualisation ou à l'adaptation de traditions plus anciennes, et surtout à une volonté de relier les uns aux autres ces divers champs de recherche ou de savoir. Parmi eux figure l'Hermétisme néo-alexandrin, la Kabbale chrétienne, la 'magia' - au sens où Pic de la Mirandole l'entend - et bien sûr l'alchimie et l'astrologie. Au XVIème siècle, le courant paracelsien vient grossir ce fleuve et au moment - la fin du siècle - où les écrits de Paracelse (1493-1541) commencent à être systématiquement publiés, apparaît un autre courant, que l'on va bientôt baptiser 'théosophie'. Né en Allemagne comme le précédent, il est tributaire de celui-ci, avec lequel il présente le plus d'affinités. " (T2-pp49-50) Se
lisent peut-être dans La Chasse les caractéristiques des diverses
théosophies que distingue Antoine Faivre : le triangle Dieu-Homme-Nature
et les relations entre eux la primauté du mythique qui permet
" la mise en scène des personnages, des mythèmes, des scenarii,
comme la Sophia, les anges, l'androgyne primitif, les chutes successives (de Lucifer,
d'Adam, de la Nature) "
dans une sorte de " théologie de
l'image. " l'accès direct aux mondes supérieurs
: " L'homme possède en lui-même la faculté, généralement
en sommeil mais toujours potentielle, de se 'brancher', en quelque sorte, directement
sur le monde divin ou sur celui d'entités supérieures ... c'est-à-dire
d'effectuer une 'seconde naissance'. " (pp.52-3-4 - T2)
http://en.wikipedia.org/wiki/The_Hunt_of_the_Unicorn http://www.wsu.edu/~delahoyd/medieval/unicorn.html http://www.fordham.edu/halsall/medny/albertini2.html
Les pages qui suivent, créées avec le même dessein d'harmonie, se veulent elles aussi, mais bien modestement, une encyclopédie de La Chasse à la licorne et de La Dame à la licorne. |
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