Les instruments de la Passion
Moyen visuel pour mémoriser ce que fut la Passion du Christ en reproduisant les instruments de cette Passion " Dans les cultures archaïques, la mort initiatique est justifiée par un mythe d'origine qui peut se résumer comme suit : un Etre surnaturel avait essayé de 'renouveler' les hommes en les tuant afin de les ressusciter 'changés' ; pour une raison quelconque, les hommes ont tué cet Etre surnaturel, mais ils ont célébré ensuite des rites autour de ce drame ; plus exactement, la mort violente de l'Etre surnaturel est devenu le Mystère central, réactualisé à l'occasion de chaque nouvelle initiation. La mort initiatique est donc une répétition de la mort de l'Etre surnaturel, fondateur du Mystère. " Mircea Eliade, Rites, sociétés secrètes, Folio Galimard, p.275 |
Jean,
18.37-38 : Jésus répondit : Tu le
dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre
témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité
écoute ma voix. |
Site
"Bible Gateway " permettant
de retrouver des traductions
de la Bible
et de faire des recherches par extraits ou par mots clés
http://www.biblegateway.com/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Croix_de_la_Passion
"
... je suis convaincu que pratiquement tous les types d'organisation sociale,
de croyances ou de coutumes existant actuellement plongent leurs racines dans
la situation infantile et doivent être envisagées avant tout sous
l'angle des expériences personnelles, des désirs et des angoisses
des individus dont ils constituent la cadre de vie. " (p. 92) Géza Róheim, La Panique des dieux, (écrit en 1972), traduit de l'anglais par Sylvie Laroche et Massimo Giacometti |
Eglise
romane Notre Dame - Gargilesse (Indre)
fresques datées du XIIIe au
XVIe siècle
http://rectaratio.blogspot.com/2007_03_04_archive.html
http://libwww.library.phila.gov/medievalman/detail.cfm?imagetoZoom=mca1312342
http://libwww.library.phila.gov/medievalman/Detail.cfm?imagetoZoom=mca0990070
Le Psaume 22 de l'Ancien Testament annonce la mort de Jésus : 1 : Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'as-tu abandonné, Et t'éloignes-tu sans me secourir, sans écouter mes plaintes ?
Oui, tu m'as fait
sortir du sein maternel, Tu m'as mis en sûreté sur les mamelles de
ma mère ;
|
Les Evangiles permettent de déterminer trois dates pour la Crucifixion : le 7 Avril 30, le 27 Avril 31 et le 3 Avril 33.
Dans son livre Sous le Christ, Jésus (Flammarion, 1987), Ennio Floris a montré, par de nombreux exemples, que de sa Naissance à la Passion, le récit de la vie de Jésus est tissé " littéralement " de citations de l'Ancien Testament qui prouvent que sa biographie "accomplit " les Ecritures et se place toujours dans une perspective messianique : -------------------------------- " Il naîtra à Bethléem, dans la maison de David (Michée 5,1 - Matthieu 1,6), d'une mère vierge (Esdras 7,14 - Matthieu 1,23). Il se manifestera en Galilée (Esdras 8,23 - Matthieu 4,14). II annoncera la bonne nouvelle aux pauvres et guérira les malades, il libèrera les opprimés et rendra la vue aux aveugles, il annoncera le pardon de Dieu (Esdras 61,1-2 - Luc 4,18). Il enseignera par paraboles (Psaume 78,2 - Matthieu 13,35). Il montera à Jérusalem comme l'héritier de la royauté davidique (Zacharie 9, 9 - Matthieu 20,4). Haï (Psaume 35,9 et 69,5 - Jean 15,25), trahi (Psaume 61,10 - Jean 19,18), il sera mis à mort comme un malfaiteur (Esdras 53,22 - Marc 28). On partagera ses vêtements et on tirera au sort sa tunique (Psaume 22,19 - Matthieu 27,36). Il sera transpercé (Zacharie 12, 0 - Jean 18,19). Dans la sépulture, son corps ne subira pas la corruption (Psaume 16,8 - Actes 2,27). Dieu le ressuscitera (Deutéronome 18,15 - Actes 3,22). Ce profil est, pourrait-on dire, le portrait-robot du Christ que les évangélistes ont esquissé en se fondant sur des signes de reconnaissance contenus dans les Ecritures. " --------------------------------
La
trahison de Judas : Les
30 deniers :
La
crucifixion :
Le
bon larron : Jésus
sur la croix : Le
vinaigre : Psaume 69, 22 : Ils mettent du fiel dans ma nourriture, Et, pour apaiser ma soif, ils m'abreuvent de vinaigre. La
prière à Dieu : Jésus
avant de mourir : Esaïe 9, 14-15 : Sion disait : L'éternel m'abandonne, Le Seigneur m'oublie ! - Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite ? N'a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles ? Le
cri ultime : Psaume 31, 6 : Je remets mon esprit entre tes mains ; Tu me délivreras, éternel, Dieu de vérité ! Le
coup de lance : Le
ciel s'obscurcit : La
mise au tombeau : |
La Passion est placée sous le signe de la victoire de la vie sur la mort. " Un message de femmes : seules, elles sont capables et dignes de voir la victoire sur la mort et de la rendre visible " (Eugen Drewermann, L'évangile des femmes, Seuil, 1996, p.7). Le mystère de la résurrection est transmis dans la Bible par des images et des symboles : " le miracle du soleil " qui, mort le soir dans un ciel rouge sang, revit chaque matin, à l'aube, "permettant ainsi à l'humanité de croire que, pour elle aussi, la nuit de la mort fera place à la clarté de la vie." (p.8) " le mystère de la lune " : chaque mois, la lune revient après une disparition de trois jours. Comme accordée aux rythmes de la vie des femmes. On pensait que la résurrection au troisième jour après la crucifixion "conférait sur terre la capacité de concevoir une nouvelle vie. " De nos jours, Pâques est fêté le troisième dimanche après la première lune de printemps. " le mystère du printemps " qui permet la renaissance de la nature après l'hiver, "mystère dont les femmes sont par nature plus proches que les hommes. " (p.9) " le mystère du feu " : le cierge pascal est allumé la nuit de Pâques 'redécouvre' le miracle du feu obtenu par deux morceaux de bois ou deux silex. " le mystère de l'eau " d'où toute vie a jailli, symbole de la naissance et de la génération.
Hans
Memling - Scènes de la Passion du Christ - 1470 - Galleria Sabauda
- Turin
Dans
l'ordre de leur apparition,il nous faut retrouver dans La Chasse à la
licorne : 1- la bourse de Judas 2- les trente pièces d'argent remises à Judas en prix de la trahison (Matthieu 26.14 Alors l'un des douze, appelé Judas Iscariot, alla vers les principaux sacrificateurs, 26.15 et dit : Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai ? Et ils lui payèrent trente pièces d'argent.) 3- la lanterne des gardes, les torches (Jean 18.3 : Judas donc, ayant pris la cohorte, et des huissiers qu'envoyèrent les principaux sacrificateurs et les pharisiens, vint là avec des lanternes, des flambeaux et des armes.) 4- le couteau ou le glaive de Pierre 5- l'oreille coupée (Jean 18.10 : Simon Pierre, qui avait une épée, la tira, frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui coupa l'oreille droite. Ce serviteur s'appelait Malchus. 18.11 : Jésus dit à Pierre : Remets ton épée dans le fourreau. Ne boirai-je pas la coupe que le Père m'a donnée à boire ? ) 6- le garçon nu (Marc 14.46 Alors ces gens mirent la main sur Jésus, et le saisirent [..]14.50 Alors tous l'abandonnèrent, et prirent la fuite. 14.51 Un jeune homme le suivait, n'ayant sur le corps qu'un drap. On se saisit de lui ; 14.52 mais il lâcha son vêtement, et se sauva tout nu.) 7- le coq qui rappelle à Pierre l'heure du reniement Pierre (Matthieu 26.33 Pierre, prenant la parole, lui dit : Quand tu serais pour tous une occasion de chute, tu ne le seras jamais pour moi. 26.34 Jésus lui dit : Je te le dis en vérité, cette nuit même, avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. 26.35 Pierre lui répondit : Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai pas. Et tous les disciples dirent la même chose.) 8- la corde avec laquelle Judas s'est pendu (Matthieu 27.3 Alors Judas, qui l'avait livré, voyant qu'il était condamné, se repentit, et rapporta les trente pièces d'argent aux principaux sacrificateurs et aux anciens, 27.4 en disant : J'ai péché, en livrant le sang innocent. Ils répondirent : Que nous importe ? Cela te regarde. 27.5 Judas jeta les pièces d'argent dans le temple, se retira, et alla se pendre. 27.6 Les principaux sacrificateurs les ramassèrent, et dirent : Il n'est pas permis de les mettre dans le trésor sacré, puisque c'est le prix du sang. 27.7 Et, après en avoir délibéré, ils achetèrent avec cet argent le champ du potier, pour la sépulture des étrangers. 27.8 C'est pourquoi ce champ a été appelé champ du sang, jusqu'à ce jour.) 9- la tunique sans couture et le vêtement rouge (Matthieu 27.27 Les soldats du gouverneur conduisirent Jésus dans le prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la cohorte. 27.28 Ils lui ôtèrent ses vêtements, et le couvrirent d'un manteau écarlate. 10- la couronne d'épines 11- les palmes - le roseau (le sceptre) mises entre les mains de Jésus 12- les injures (Matthieu 27.29 Ils tressèrent une couronne d'épines, qu'ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite ; puis, s'agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant : Salut, roi des Juifs ! 27.30 Et ils crachaient contre lui, prenaient le roseau, et frappaient sur sa tête. 27.31 Après s'être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l'emmenèrent pour le crucifier.) (Luc 22.63 Les hommes qui tenaient Jésus se moquaient de lui, et le frappaient. 22.64 Ils lui voilèrent le visage, et ils l'interrogeaient, en disant : Devine qui t'a frappé. 22.65 Et ils proféraient contre lui beaucoup d'autres injures.) 13- les gestes impudiques (Marc 14.65 Et quelques-uns se mirent à cracher sur lui, à lui voiler le visage et à le frapper à coups de poing, en lui disant : Devine ! Et les serviteurs le reçurent en lui donnant des soufflets.) 14- Ponce Pilate, Préfet de Judé, "s'en lave les mains" (Matthieu 27.23 Le gouverneur dit : Mais quel mal a-t-il fait ? Et ils crièrent encore plus fort : Qu'il soit crucifié ! 27.24 Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte augmentait, prit de l'eau, se lava les mains en présence de la foule, et dit : Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde. 27.25 Et tout le peuple répondit : Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! 27.26 Alors Pilate leur relâcha Barabbas ; et, après avoir fait battre de verges Jésus, il le livra pour être crucifié.) 15- le pilier de la flagellation 16- les fouets de la flagellation (Jean 19.1 : Alors Pilate prit Jésus, et le fit battre de verges.) 17- la main de l'homme qui gifla Jésus (Jean 18.22 : A ces mots, un des huissiers, qui se trouvait là, donna un soufflet à Jésus, en disant : Est-ce ainsi que tu réponds au souverain sacrificateur ? 18.23 : Jésus lui dit : Si j'ai mal parlé, fais voir ce que j'ai dit de mal ; et si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? ) 18- les cheveux de Jésus arrachés ? 19- les chutes de Jésus 20- le voile de Véronique 21- le Mont du Calvaire, le Golgotha, le crâne d'Adam 22- les trois croix : les deux larrons et Jésus 23- l'écriteau de la condamnation avec l'inscription : "Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs" (Jean 19.17 : Jésus, portant sa croix, arriva au lieu du crâne, qui se nomme en hébreu Golgotha. 19.18 : C'est là qu'il fut crucifié, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. 19.19 : Pilate fit une inscription, qu'il plaça sur la croix, et qui était ainsi conçue : Jésus de Nazareth, roi des Juifs. 19.20 : Beaucoup de Juifs lurent cette inscription, parce que le lieu où Jésus fut crucifié était près de la ville : elle était en hébreu, en grec et en latin.) 24- la hache, les clous, les tenailles, le marteau (Jean 19, 17 Ils prirent donc Jésus qui, portant lui même sa croix, sortit de la ville pour aller au lieu dit du Crâne, en hébreu Golgotha, où ils le crucifièrent.) 25- la coupe de boisson amère (fiel ou myrrhe) (Matthieu 27.34 ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel ; mais, quand il l'eut goûté, il ne voulut pas boire.) (Marc 15.23 Ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de myrrhe, mais il ne le prit pas.) 26- l'éponge imbibée de vinaigre, fixée à une branche d'hysope (Jean 19.28 : Après cela, Jésus, qui savait que tout était déjà consommé, dit, afin que l'Écriture fût accomplie : J'ai soif. 19.29 : Il y avait là un vase plein de vinaigre. Les soldats en remplirent une éponge, et, l'ayant fixée à une branche d'hysope, ils l'approchèrent de sa bouche. 19.30 : Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l'esprit.) 27- la lune et le soleil de l'éclipse au moment de la mort (Luc 23.44 Il était déjà environ la sixième heure, et il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu'à la neuvième heure. 23.45 Le soleil s'obscurcit, et le voile du temple se déchira par le milieu.) 28-
la main gauche levée de l'homme qui reconnaît la divinité
de Jésus (Marc 15.39 Le centenier, qui était en face de Jésus,
voyant qu'il avait expiré de la sorte, dit : Assurément, cet homme
était Fils de Dieu.) (Luc 23.47 Le centenier, voyant ce qui était
arrivé, glorifia Dieu, et dit : Certainement, cet homme était juste.
23.48 Et tous ceux qui assistaient en foule à ce spectacle, après
avoir vu ce qui était arrivé, s'en retournèrent, se frappant
la poitrine) 29- le groupe des femmes à l'écart (Jean 19.25 : Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala.) 30- Jean de la Croix (Jean 19.26 : Jésus, voyant sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils. 19.27 : Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui.) 31- les dés pour tirer au sort les vêtements (Jean 19.23 : Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses vêtements, et ils en firent quatre parts, une part pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa tunique, qui était sans couture, d'un seul tissu depuis le haut jusqu'en bas. Et ils dirent entre eux : 19.24 : Ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui elle sera. Cela arriva afin que s'accomplît cette parole de l'Écriture : Ils se sont partagé mes vêtements, Et ils ont tiré au sort ma tunique. Voilà ce que firent les soldats.) 32- le cur percé de la lance du centurion (Jean 19.31 : Dans la crainte que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, car c'était la préparation, et ce jour de sabbat était un grand jour, les Juifs demandèrent à Pilate qu'on rompît les jambes aux crucifiés, et qu'on les enlevât. 19.32 : Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes au premier, puis à l'autre qui avait été crucifié avec lui. 19.33 : S'étant approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ; 19.34 : mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l'eau.) 33- l'échelle de la descente de croix (Marc 15.46 Et Joseph, ayant acheté un linceul, descendit Jésus de la croix, l'enveloppa du linceul, et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc. Puis il roula une pierre à l'entrée du sépulcre.) 34-
la résurrection (Matthieu 28.5 Mais l'ange prit la parole, et dit aux
femmes : Pour vous, ne craignez pas ; car je sais que vous cherchez Jésus
qui a été crucifié. 28.6 Il n'est point ici ; il est ressuscité,
comme il l'avait dit. Venez, voyez le lieu où il était couché,
|
Passion
J'adore un Christ de bois qui pâtit
sur la route
Une chèvre attachée à la croix noire broute
A
la ronde les bourgs souffrent la passion
Du Christ dont ma latrie aime la fiction
La
chèvre a regardé les hameaux qui défaillent
A l'heure
où fatigués les hommes qui travaillent
Au verger pâle au
bois plaintif ou dans le champ
En rentrant tourneront leurs faces au couchant
Embaumé
par les foins d'occidental cinname
Au couchant où sanglait et rond comme
mon âme
Le grand soleil païen fait mourir en mourant
Avec les
bourgs lointains le Christ indifférent.
Guillaume
Apollinaire
(Rhénanes, Le Guetteur mélancolique)
(il y a 3 coqs : le faisan et son reflet, et une faisane)
Les deux souffleurs de trompe à gauche et à droite de la tapisserie se retrouvent dans le tableau ci-dessous :
Maître de la Madone Strauss
- 1380 Voir
dans le même musée florentin :
Fra
Angelico - Le Christ aux outrages - fresque (détail)
L'éponge imprégnée de vinaigre n'est pas dans l'ordre chronologique des instruments de La Passion !
Dans la partie manquante, imaginons une seconde licorne tombée, couchée sur le flanc : Jésus tombe dans sa montée au Calvaire
détail
d'une gravure extraite d'un Livre d'Heures imprimé par Thielman Kerver
- Paris - 1504 A gauche, ce personnage portant la Croix est à la fois Simon de Cyrène et Saint Louis apportant la Croix, l'épine et les trois clous. Son épée est bénie par le sang de la licorne juste au-dessus à la verticale
Si le dé présente la face à 3 points : la Trinité est présente lors de la Crucifixion.
Le chiffre 4 est alors invisible, de l'autre côté du dé. Quatre est le nombre du carré, des quatre éléments (terre, feu, eau et air), des quatre points cardinaux, des quatre saisons, des quatre phases de la lune. Il serait le symbole du destin et du libre arbitre. Il est le chiffre de la Perfection et de l'accomplissement. Il représente l'accomplissement de la Volonté. Chez Les Kabbalistes, il est rattaché au nom de Dieu, au Tétragramme par ses Quatre lettres hébraïques "Yod Hé Waw Hé ". C'est aussi les Quatre Attributs Essentiels de Dieu qui sont représentés au travers ce nombre : l'Omnipotence (Infini), l'Immortalité (Eternel), l'Amour et la Sagesse. La
symbolique du 4 a est très présente dans la Bible : le nom de Dieu
(tétragramme) a quatre lettres (YHVH - vocalisé en Yahveh ou Jéhovah)
; les douze tribus d'Israël sont réparties en quatre groupes, symbolisés
par l'homme, le lion, le taureau et l'aigle, qui sont devenus les emblèmes
des quatre évangélistes ; les cavaliers de l'Apocalypse, qui apportent
les quatre fléaux (la guerre, la famine, la peste, les bêtes fauves)
sont aussi au nombre de quatre. Le
diagramme ponctuel de la Tétraktys fut pour les membres de la Confrérie
Pythagoricienne un symbole ésotérique aussi important que le pentagramme
qui était leur signe de passe secret. Image de la stabilité, de
la solidité, du pouvoir, de la justice et de la toute-puissance, il constitue
la base d'un grands nombre de monuments dans le monde entier. C'était en
évoquant la Tétraktys que les membres de la secte prêtaient
le serment solennel de ne jamais divulguer leurs secrets, entre autres les secrets
mathématiques. Jamblique nous a conservé la formule du serment :
" Non, je le jure par celui qui a transmis à notre âme la tétraktys,
en qui se trouvent la source et la racine de l'éternelle nature." Les
significations symboliques du chiffre 4 retrouvent celles :
Anonyme
anglais - début 14è s. - anatomie de l'utérus
----------------------------- Jean-Pierre
Jossua, La Licorne : images d'un couple, éd. du Cerf, 1994,
p. 52 Comme
on peut se tromper ! ----------------------------- La symbolique du sang et de l'eau
" Dans la crainte que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, - car c'était la préparation, et ce jour de sabbat était un grand jour, - les Juifs demandèrent à Pilate qu'on rompît les jambes aux crucifiés, et qu'on les enlevât. Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes au premier, puis à l'autre qui avait été crucifié avec lui. S'étant approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ; mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l'eau. "Jean, 19.31-34
Un
chasseur recueille dans son cor le sang et l'eau de la licorne blessée
au côté. " Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain ; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe ; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant : Buvez-en tous ; car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés. Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où j'en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père ". Matthieu, 26.26-30 Signalons que le Graal n'est pas mentionné dans le Nouveau Testament et qu'il n'apparaît dans les écrits qu'au 12ème siècle. Seules les légendes évoquent que Joseph d'Arimathée aurait recueilli le sang du Christ dans le Saint Calice. http://fr.wikipedia.org/wiki/Graal
L'Eglise médiévale n'a jamais reconnu officiellement les récits du Graal et pourtant le Graal est devenu pour les laïcs une puissante icône religieuse, grâce à Robert de Boron qui fait du Graal une relique chrétienne : le Saint Calice. Pour écrire entre 1190 et 1199 son roman de 3500 octosyllabes, L'Estoire dou Graal, Robert de Boron s'est inspiré de la vie légendaire de Joseph d'Arimathie selon l'Évangile de Nicodème et du Protévangile de Jacques.
http://www.gutenberg.org/catalog/world/readfile?fk_files=8306 "
Selon certains mythes, le sang mêlé à la terre
donna vie aux êtres. Dans d'autres, le sang donne naissance aux plantes
et même aux métaux. Pour certaines peuplades, le sang provenant de
combats ou de sacrifices confère la fertilité, l'abondance, le bonheur
; de plus le sang est présage de pluie.
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
La sixième tapisserie pourrait évoquer le cortège qui traverse la salle où se trouvent Perceval et le Roi Pêcheur dans le roman de Chrétien de Troyes, Le Conte du Graal ou Le Roman de Perceval. "
L'intérieur était illuminé, au point qu'on ne saurait mieux
faire, de tout l'éclat que donnent des flambeaux dans une demeure. Tandis
qu'ils parlaient de choses et d'autres, un jeune noble sortit
d'une chambre, porteur d'une lance blanche qu'il tenait empoignée
par le milieu. Il passa entre le feu et le lit où ils étaient assis,
et tous ceux qui étaient là voyaient la lance blanche et l'éclat
blanc de son fer. Il sortait une goutte de sang du fer,
à la pointe de la lance, et jusqu'à la main du jeune homme coulait
cette goutte vermeille. Déjà
a été notée la conjonctio androgynique (la reine et
le roi accolés) qui permet la présence d'une femme dans cette tenture. Il
faut insister sur le rôle ambivalent de la lance. Maléfique,
elle est signe de mort : elle perce la flanc de la licorne christique en haut
à gauche et fait couler l'eau et la sang dans la corne et elle représente
la croix portée par saint Louis en bas à gauche. La présence conjointe au centre de la tapisserie à la verticale du pèlerin initié des colombes et des cygnes sont peut-être à lire comme la présence du Saint-Esprit (la chapelle bleue serait la Sainte-Chapelle parisienne) venant confirmer la Perfectio (la " Nature Parfaite ") de notre pèlerin (Perréalin) et du cygne de la mort (qu'une légende évoque et que Socrate aurait rappelée au moment de mourir, selon le Phédon de Platon). Dominique Zahan (Sociétés d'initiation bambara, Mouton, 1960) relève chez les Fôn l'inversion de l'utilisation des mains droite/gauche chez l'initié : " la position du reclus (l'initié)... est inversée par rapport à celle du profane ". Regardons bien : le pèlerin tient sa lance de la main droite au début de son initiation sauf dans la sixième tapisserie où elle passe en main gauche. Ainsi,
ne peuvent en aucun cas être séparées dans nos lectures de
La Chasse " la Passion christique " et " l'Initiation "
que la lance et le graal incorporent en une même " quête ".
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Dionysos puis Orphée : deux dieux de caractère androgyne ayant une intimité profonde avec les mondes animal et végétal. Des rites orgiaques dédiés à Dionysos libèrent la nature animale de l'initié à qui le vin et l'ivresse conséquente permettaient de participer activement aux "orgies" aux cours desquelles lui étaient révélés les Mystères. Trop orgiaques, ces rites durent laisser place à ceux du nouveau culte d'Orphée qui fut pour les premiers chrétiens le prototype du Christ : tous deux mi-humains, mi-divins, tous deux mis à mort, écartelés. Les
rites païens dionysiaques (hiérogamie entre Dionysos et Ariane) perdurèrent
quelque temps dans la nouvelle religion chrétienne. Celui du vin a mieux
résisté, que l'on peut lire dans l'élévation "catholique"
du calice (Cf. C. G. Jung, Le Symbole de métamorphose dans la messe,
1940) au cours de laquelle le liquide se "spiritualise", en rappelant
le Sang versé sur la Croix. Du culte d'Orphée, est demeurée
la figure du "bon pasteur" qui a une conscience des événements
naturels qu'il apaise de sa joie et de sa "lumière".
De René Girard, Les Origines de la culture (Desclée de Brouwer, 2004) : " Ainsi, quand certains disent que l'Eucharistie est enracinée dans le cannibalisme archaïque, il ne faut pas le nier, mais l'affirmer au contraire ! La véritable histoire de l'humanité est une histoire religieuse qui remonte au cannbalisme primitif. Le cannibalisme primitif est la religion, et l'Eucharistie récapitule cette histoire, de l'alpha à l'oméga. Tout cela est primordial, et une fois qu'on l'a compris, il faut nécessairement admettre que l'histoire de l'homme inclut ce début meurtrier : Caïn et Abel." (p.129) Par l'absorption de chair et de sang, l'être humain est censé acquérir une force nouvelle et raffermir son énergie vitale. L'eucharistie chrétienne en porte encore les traces. Jean,
19, 34 : " un des soldats lui perça le côté avec une
lance, et aussitôt il sortit du sang et de l'eau. " Lors de la messe,
deux burettes, l'une de vin, l'autre d'eau, deux liquides mélangés
dans le calice comme la sang et l'eau christique dans la graal.
La symbolique de la Plaie
Sigmund
Grimm - Cinq Plaies de Jésus-Christ - - - - - - - - Aux
cierges, au vitrail, Un
gros cur tout en sang, Jules
Laforgue
Etrange plaie qui ressemble à une mandorle, à un sexe féminin, à une bouche !
Au 14ème siècle, la plaie du Christ du côté commence à être peinte isolément. Dans le Bréviaire de Bonne de Luxembourg, elle prend, dans une mandorle, la forme d'une fente verticale rouge. Est-ce une allusion intentionnelle à un sexe féminin ? On peut en effet penser cette équivoque significative en cette fin de Moyen Âge. Jean WIRTH écrit en conclusion de son livre L'Image médiévale - naissance et développement ; 6ème-15ème siècles (Meridiens Klincksieck, 1989) : " Les éléments constitutifs de la sexualité humaine sont mobilisés pour représenter le mystère, mais rendus volantairement méconnaissables par une série de permutations entre la vie et la mort, l'enfance et l'âge adulte, le haut et le bas du corps, la masculinité et la féminité, dans une esthétique qui sillicite l'imagination sensuelle. " (p.346) Au
15ème siècle, la plaie christique devient une bouche, figurée
horizontalement, comme pourvue de lèvres charnues, dans l'attente du baiser
pieux des fidèles, commele recoomanadt alors certains traités de
dévotion. Des images montrent cette 'plaie-bouche' dans un cur porté
par des anges tandis que deux autres recueille le sang dans un calice, rappelant
une scène de La Chasse.
Du sang plein les mains... l'imitatio doloris.
- - - - - - - - Vrai corps (extraits)
Pierre Jean Jouve, Noces - - - - - - - -
Matthieu
26, 26-28 : " Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain ; et,
après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples,
en disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps. " histoire de mieux comprendre les rapports fondamentaux que l'image entretient avec l'incarnation et l'incorporation. " Georges Didi-Huberman, L'image ouverte : Motifs de l'incarnation dans les arts visuels, p. 54.
Sur les stigmates, lire Georges Didi-Huberman, L'image ouverte : Motifs de l'incarnation dans les arts visuels, chapitre Un sang d'images. "
La dimension du visuel, l'acte de voir au-delà supposent donc nécessairement
une fin du temps : d'une part, la mort de celui qui regarde - petite mort ou grande
mort - et, d'autre part, l'éternisation de son regard dans l'espace apocalyptique.
"
"
Qu'est-ce à dire ? Sommairement, que la " science " chrétienne
des images en appelait à quelque chose comme un inconscient du visible
: non pas l'invisible comme tel mais, bien plutôt, une région de
la figure qui aurait la puissance obsédante des fantasmes, ou la fatalité
des symptômes, ou la valeur de plaisir des mots d'esprit, ou encore la valeur
hallucinaatoire des images du rêve... Bref, la capacité, la puissance
de constituer chaque figure en dialectique du désir et en véritable
trésor de surdéterminations psychiques et culturelles. " (p.
198)
L'arrivée de la Vraie Croix La tapisserie 6 veut, je pense, évoquer l'arrivée en France de deux reliques christiques importantes : un morceau de la Vraie Croix et la Couronne d'épines. En 1238, Louis IX rachète aux Vénitiens une partie des reliques, dont la couronne d'épines, gagées par l'empereur latin de Constantinople, Baudouin de Flandre, cousin de Louis IX. Le 30 septembre 1241, la Vraie Croix et sept autres reliques du Christ, notamment le 'Saint Sang' et la 'Pierre du Sépulcre' sont acquises. Enfin,
en 1242, neuf autres reliques, dont la
« Sainte Lance » et la «
Sainte Éponge » venaient rejoindre les précédentes. http://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Croix http://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Couronne http://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte-Chapelle
Finesse
de l'architecture - présence de fleurs de lys La construction de la Sainte-Chapelle fut à la fois un acte de piété et un acte politique d'affirmation du pouvoir. Des bas-reliefs sur les murs d'entrée représentaient ainsi les fleurs de lys, symbole de la royauté, et la tour de Castille, en hommage à Blanche de Castille, mère de Saint-Louis. Des colonnes intérieures sont elles aussi ornées de fleurs de lys sur fond azur alternant avec des tours sur fond pourpre. Le détail extrait de la tapisserie 6 pourrait rappeler l'un de ces édifices emblématiques avec la tour centrale plus haute que les deux autres de part et d'autre. --------------------------------- Examinons ensemble un vitrail de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude (Indre et Loire) : la baie 5 de la troisième verrière qui relate la translation des reliques à la Sainte-Chapelle de Paris qui jouxte dans le vitrail le Palais de Justice. La chapelle a été construite dans la première moitié du 16è siècle. Elle abrite 11 verrières de plus de 8 m de haut sur 3m50 de large, dont la plupart ont été réalisées entre 1538 et 1561, certains vitraux n'étant terminés qu'au début du 17è siècle.
Tous
les participants à la procession, laïcs et religieux, sont pieds nus. Louis IX auréolé et les reliques
le même toit bleu Comme
dans La Chasse, de manière plus lisible ici , se retrouvent les
mêmes éléments symboliques que Marie-Pierre
Terrien analyse comme suit : - les deux " volets " fermés de la fenêtre évoquent deux livres, l'Ancien Testament et le Nouveau. Celui de gauche symbolise l'ancienne Loi, celui de droite, la nouvelle. Il est plus foncé car il fait allusion à l'éclipse qui s'est produite lors de la mort du Christ et qui est rappelée dans la verrière centrale par la présence du soleil et de la lune. - La broche du religieux qui porte la couronne du Christ représente les Tables de la Loi. Mais l'ancienne Loi trouve son aboutissement dans le Christ, comme le rappelle la croix monumentale située en tête de la procession. - L'étroite juxtaposition de la couronne et de la croix aux Tables de la Loi traduit la volonté d'associer les deux lois. - La couronne d'épines
est par ailleurs reprise comme en écho par la tonsure des prélats.
Depuis le Moyen Age en effet, la forme de couronne qui résulte de la tonsure
a pour but d'imiter la couronne d'épines du Christ. " (p. 58)
--------------------------------- vitrail
de saint Louis, de ses frères et de la Sainte Couronne --------------------------------- "
La monarchie met en place un espace matériel, la Sainte-Chapelle - espace
sacré géré par la monarchie -, et un espace liturgique, la
fête du 11 août, afin de célébrer dignement cette sainte
acquisition " écrit Chiara Mercuri. Les
11 août est le jour de l'arrivée de la Couronne à Sens. L'évêché
de Paris faisait partie du diocèse de Sens. Grâce à cette translation de Constantinople à Paris, " le roi de France devint le vertex maximus de la chrétienté et Paris, son phare ". " Paris manquait alors d'une relique digne des grandes capitales de la chrétienté : Jérusalem avait été depuis toujours la ville-sanctuaire de la chrétienté, la gardienne par excellence des vestiges de la Passion du Christ ; Constantinople avait hérité de la plupart de ses reliques après les invasions musulmanes et, de plus, elle gardait la verge de Moïse qui, selon la légende médiévale, avait été envoyée à Constantin le Grand par un miracle. Et enfin Rome s'imposait comme véritable dépôt des restes des martyrs : Sancta Sanctorum de l'Occident chrétien. Mais si jusqu'alors Lutetia n'avait pas encore acquis l'aura des grandes capitales de la chrétienté, elle pouvait désormais y accéder : les rois y résidaient depuis deux siècles ; le pape respectait prudemment cette monarchie proche et puissante; l'université de Paris était née avec une réputation immédiate d'excellence, flatteuse pour l'époque, en ce qui concerne les études de théologie. "
L'analyse
de Chiara MERCURI, Stat inter spinas lilium
: le Lys de France et la couronne d'épines
Le triomphe de la Croix
Les
premiers chrétiens prirent pour symbole le poisson dont le nom grec
ichthys est l'anagramme de Iesous Christos Théou
Yios Soter, Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur. Regardons la sixième tapisserie (où s'achève, en autres événements, La Passion de la Licorne-Christ) à la lecture du livre de René Girard, Je vois Satan tomber comme l'éclair (Grasset, 1999). "Car la croix fait signe. Elle est un signe paradoxal, avec sa double face, sa face douloureuse et da face glorieuse, les deux faces d'un même mystère. Le récit évangélique va de la Passion à la Résurrection, de la souffrance à la glorification, de la mort à la vie." (Marie Madeleine en tous ses états, Cerf, 2008) Que voyons-nous ? Certes, la mise à mort de la Licorne puis le transport de sa dépouille jusqu'à la ville sur le dos d'un cheval ; l'arrivée de notre Pèlerin devant le couple royal et une petite foule sortie de la ville ; mais aussi l'arrivée à l'extrême gauche de la Croix portée sur l'épaule par un homme dont l'épée dessine une petite croix verticale. N'assistons-nous pas là à une arrivée majestueuse, quasi triomphante ? Comme nous préférons le faire, citons, plutôt que de le (mal) paraphraser, René Girard ; dans les extraits suivants, il oppose les mythes et les Evangiles et conclut sur " le triomphe de la Croix " : "
Les mythes inversent systématiquement la vérité. Ils innocentent
les persécuteurs et blâment les victimes. Ils sont toujours trompeurs
parce qu'ils sont eux-mêmes trompés et, à la différence
des disciples d'Emmaüs après la Résurrection, rien ni personne
ne vient jamais les éclairer.
"
Les représentations théâtrales, elles aussi, sont enracinées
dans la violence collective et ce sont des espèces de rites, mais
plus nettoyés encore de leur violence que les sacrifices d'animaux, et
plus riches sous le rapport culturel puisque ce sont toujours, au moins indirectement,
des méditations sur l'origine du religieux et de la culture toute entière,
des sources potentielles de savoir, ainsi que Sandor Goodhart nous le montre dans
son Sacrificing Commentary (Baltimore, Johns Hopkins University, 1996). Songeons que chaque tapisserie de La Chasse est peut-être " la mise à plat " (en deux dimensions de laine et de soie) de représentations théâtrales imaginées par Jean Fouquet à partir de La Passion du Christ. "
Dès que le mécanisme victimaire est correctement épinglé
ou plutôt cloué sur la Croix, son caractère dérisoire,
insignifiant apparaît au grand jour et tout ce qui repose sur lui dans le
monde perd graduellement son prestige, s'affaiblit et finira par disparaître. La métaphore principale est celle du triomphe au sens romain, c'est-à-dire la récompense que Rome accordait à ses généraux victorieux. Debout sur son char le triomphateur faisait une entrée solennelle dans la Ville sous les acclamations de la foule. Dans son cortège figuraient les chefs ennemis enchaînés. Avant de faire exécuter ces derniers, on les exhibait, telles des bêtes féroces réduites à l'impuissance. Vercingétorix joua ce rôle dans le triomphe de César.
Le
général victorieux est ici le Christ et sa victoire c'est la Croix.
Ce dont le christianisme triomphe c'est de l'organisation païenne du monde.
Les chefs ennemis enchaînés derrière leur vainqueur sont les
principautés et les puissances. L'auteur compare les effets irrésistibles
de la Croix à ceux de la force militaire encore toute-puissante au moment
où il écrivait, l'armée romaine. A
regarder, comme nous le faisons depuis si longtemps chaque tapisserie de La
Chasse, nous avons l'impression que cette tenture cherche à démontrer
:
Visages "inhumains" tirés des dessins de La Guerre de Troie de Henry de Vulcop pour " contempler la violence collective dans son horreur purement humaine, moralement coupable ". L'ouvrage Heures à l'usage de Bourges, imprimé sur parchemin et publié à Paris en 1511 par le libraire Simon Vostre, contient des illustrations dont certains personnages ont le même visage " fourbe " que ces chasseurs de La Chasse. Et certaines des femmes que la Mort vient chercher portent diverses coiffes que portent Mary ou Claude dans La Dame à la licorne de Cluny. (Bibliothèque municipale, Bourges, cote By 12024. Voir fol. b4v et fol. k6r. http://www.bvh.univ-tours.fr/Consult/index.asp?numfiche=1014). A
feuilleter les Livres d'Heures imprimés par le libraire Simon Vostre
et à examiner les illustrations gravées par Philippe Pigouchet (actif
entre 1488 et 1518) sur des dessins du Maître des Très Petites Heures
d'Anne de Bretagne, ex-Maître de La Chasse à la licorne, apparaîtront
en marge des personnages assez semblables aux chasseurs de La Chasse, par
leur physionomie et leurs attitudes ; et des coiffures ou des coiffes que les
deux jeunes femmes de La Dame à la licorne portent, comme par exemple
la chevelure en aigrette. http://www.danielmitsui.com/hieronymus/index.blog?entry_id=2222422 Des scènes dramatiques (contorsions, émoi, tension, horreur, terreur) rappelant l'école expressionniste de Ferrare autour de Cosmè Tura au Quattrocento.
La
Guerre de Troie : La Chute de Troie - v.1470 - 11è et dernière
tapisserie : Pyrrhus tue Priam
Le massacre des Innocents et la Fuite en Egypte
" le triomphe de la Croix " dans le sens que donne René Girard à cette expression (la Croix portée par Saint-Louis ?) (la licorne morte le cou ceint d'une couronne de chêne aux tiges épineuses). L'artiste qui a conçu la tenture de La Chasse aurait fait alors des Evangiles une lecture identique à celle de René Girard. "
La victoire du Christ n'a rien à voir avec celle d'un général
victorieux au lieu d'infliger sa violence aux autres, le Christ la subit. Ce qu'il
faut retenir ici dans l'idée du triomphe ce n'est pas l'aspect militaire,
c'est l'idée d'un spectacle offert à tous les hommes, c'est l'exhibition
publique de ce que l'ennemi aurait dû dissimuler afin de se protéger,
afin de persévérer dans son être que lui dérobe la
Croix.
Ce " besoin de rédemption " est-il représenté par la marche - quête du Pèlerin au premier plan qui ne participe pas à la chasse et à la mise à mort mais qui rejoint la Croix lors de son " triomphe " ? Cette
croix et cet index pointé, nous les retrouvons aussi proches l'un de l'autre
dans le Saint Jean-Baptiste de Léonard de Vinci, tableau où
l'index " phallique " vient échouer sur la croix " castratrice
". Mais si chez Léonard, il s'agit d'androgynie, il me paraît qu'il en est à l'opposé dans la cette tapisserie 6 de La Chasse. L'index ne se dirige pas vers la croix qui elle, désigne de sa pointe le massacre de la licorne-Christ, sa castration symbolique ; cet index est pointé sur la licorne morte porté par le cheval, et au-delà de ce cadavre, vers le Pèlerin qui achève sa quête et vers le roi qui paraît clore le dessin sur la droite. La force virile attachée à ce signe " phallique " dispenserait alors son pouvoir sur ces trois personnes que sont le Christ, l'artiste et le roi. Le Christ Chair réellement Incarnation ; l'artiste enfin mûri aux silences ensoleillés de sa marche solitaire ; le mâle roi enfantant le fils dauphin de ses attentes.
|
La Passion du Christ Herrade
de Landsberg
http://cupertino.canalblog.com/tag/l'Hortus%20deliciarum |
" Ces événements n'eurent jamais lieu, mais ils durent encore "
" Ces chosesn'eurent jamais lieu, mais elles sont toujours"
Flavius
Sallustius dit Saloustios
(préfet du prétoire des Gaules
de 361 à 363 et conseiller de l'empereur Julien),
Des dieux et
du monde, IV, IX
(traité néoplatonicien grec, sorte de
catéchisme païen inspiré par Jamblique)
anne de beaujeu, anne
de bourbon, anne de France, antoine le viste, Apocalypse Angers athena, boussac,
brandon, charles brandon, charles quint, charles v, chasse a la licorne, cinq
sens, claude de France, cloisters, connetable de bourbon, dame, duc de suffolk,
françois 1er, george sand, gout, henri VIII, henry VIII, jean le viste,
jean Perréal, jehan de paris, le viste, licorne, lion, louis XII, louise
de savoie, marie tudor, mary tudor, minerve, miroir de naples, chambord, musée
de cluny, nombre d'or, odorat, ouie, pavie, Perréal, perréal, Pierre
de beaujeu, La rochefoucauld, hardouin IX de Maille, Louis 1er d'Anjou, Grégoire
XI, Urbain VI, Francesco Petrarca, François Pétrarque, Catherine
de Sienne, Brigitte de Suède, Avignon, palais des papes, comtat venaissin,
prosper merimee, suffolk, tapisserie, tenture, vue, connetable von bourbon, das
sehvermögen, das zelt, der dame à la licorne, der gehörsinn,
der geruchssinn, der geschmackssinn, der tastsinn, einhorn, einhorndame, franz
den ersten, herzog von suffolk, karl v, löwe, mein einziges verlangen, museum
von cluny, spiegel von neapel, tapisserien, anne of bourbon, anne of france, claude
of france, connetable of bourbon, duke of Suffolk, francis the 1st, golden section,
hearing, jehan of paris, louise of savoy, mirror of naples, musee of cluny, pavia,
sight, smell, tapestry, taste, tent, the hase of the unicorn, the lady and the
unicorn, touch, unicorn, dama al unicornio, museo de cluny, tapicerías,
museo de la edad media y de thermes de cluny, la caza al unicornio, el gusto,
el oído, la vista, espejo de napoles, duque de suffolk, el olfalto, el
tacto, la carpa, mi deseo unico, carlos v, condestable de borbon, atenas, la signora
all'unicorna, tappezzeria, Jehan di Parigi, Claudia di Francia, François
1o, Museo del Medioevo, la caccia all'unicorno, la storia di Persée, il
gusto, l'udito, regina bianca, Louise della Savoia, la vista, lo Specchio di Napoli,
duca di Suffolk, l'odorato, il contatto, Pavia, Carlo V, Connétable di
Bourbon |