De quelques animaux
|
Les chiens
Dans la tapisserie 1 (Le Départ), les lévriers sont au premier plan : ils chassent à vue. Les mâtins ont pris les devants au second plan : ils chassent à l'odeur. Les 5 chiens sont tous tenus en laisse : la chasse n'a pas commencé Un chien rouge ?
Le
lévrier blanc a été
très souvent utilisé comme devise. Depuis l'Antiquité, il
est synonyme de fidélité et de loyauté.
"
car la bête cruelle, et qui t'a fait si peur, Par
sa nature, elle est si méchante et perverse, On
la voit se croiser avec bien d'autres bêtes,
Anne de Bretagne et les chiens Anne de Bretagne est souvent entourée de ses chiens, dont neuf grands lévriers de Basse-Bretagne, qui portent un collier de velours noir avec quatre hermines fixées par des boucles de fil de laiton doré. Elle possède une meute vingt-quatre chiens qui voyagent avec elle. Dans La Chasse, les chiens se partagent en mâtins et lévriers. En est-il dans cette tenture comme dans le poème de Giordano Bruno, Fureurs héroïques, où les mâtins représentent la volonté du sujet et les lévriers l'intellect discursif, la dianoia. "
Dans les bois, le jeune Actéon, alors que le destin l'engage Le
gibier, après lequel chasseur et chiens courent, représente "
les espèces intelligibles des concepts idéaux, qui sont occultes,
suivies par peu de gens, atteintes par moins de gens encore, et qui ne s'offrent
pas à tous ceux qui cherchent "
Le chien à la queue noire Dans la tapisserie 3, " La Traversée de la rivière ", que penser de ce chien au collier marqué de trois fleurs de lys et arborant une queue noire inattendue au vu du pelage marron ? Est-ce une évocation d'Anne de Bretagne ? Car la blanche hermine a la queue noire ! voir
aussi le très joli site : "
L'hermine préfère la mort à la souillure. "
Page188 : " Selon une opinion rabbinique, Adam aurait même eu une sorte de queue. Son premier état était des plus disgracieux. Alors qu'il était étendu encore inanimé sur la terre, il était de couleur verte ; des milliers d'esprits impurs, qui voulaient entrer en lui, l'entouraient en bourdonnant. Mais Dieu les chassa tous sauf l'un d'eux, Lilith, la " souveraine des esprits ", qui parvint à adhérer au corps d'Adam, si bien qu'elle conçut un enfant de lui. Lorsque parut Eve, elle s'enfuit. La démoniaque Lilith paraît être dans un certain sens un aspect d'Adam, car la légende veut qu'elle ait été créée à partir de la même terre que lui. Il est un trait qui projette une lumière fâcheuse sur la nature d'Adam : des démons et des spectres innombrables sortaient de sa semence. Cela se produisit pendant cent trente ans pendant lesquels il dut vivre séparé d'Eve et exclu de la communauté divine. " Page 201 : " Le 'vieil Adam' correspond à l'homme primitif, à 'l'ombre' de notre conscience d'aujourd'hui et l'homme primitif repose sur l'homme-animal (l'Adam doté d'une queue) qui a depuis longtemps disparu de notre conscience. " Page 207 : au sujet de la noirceur de la faute commise par Eve et Adam responsables de la Chute : " l'alchimie se donne pour tâche de réconcilier les quatre éléments en lutte les uns contre les autres et de les amener à l'unité. Dans notre texte [au sujet de la Sulamite] il est mis fin à cet état quand la noirceur encore torturante du péché est lavée par " la détresse avec le vinaigre ". Il y a ici une claire allusion à l'hysope et au vinaigre dont fut abreuvé le Crucifié. " Ces explications de Jung concernent un possible chien-Adam (ce n'est pas le même, il n'est pas de même race) qui dans la tapisserie suivante " donnera naissance " à Eve en " prêtant une de ses côtes " à la corne de la licorne. C'est aussi dans cette tapisserie 4 que l'éponge imbibée de vinaigre est apportée ('deux temps' trop tôt) en haut à gauche. Le mâtin à la queue noire devient un blanc lévrier
Mais toutes ces remarques ne sont qu'hypothèses, bien entendu !
Pour le visionnaire Alain de la Roche (1428-1475), chacun des mots de l'Ave
signifie une des quinze perfections de la Vierge et en même temps une
pierre précieuse sur le rocher angélique qu'elle est elle-même.
Chaque mot chasse un péché ou l'animal qui le représente.
Ils peuvent être encore les branches d'un arbre qui porte tous les bienheureux
ou les marches d'un escalier. Selon lui, le mot " Maria " désigne
la sagesse et l'escarboucle ; il chasse
l'envie, figurée par un chien très noir. Les
origines du mythe du chien noir sont difficiles
à discerner. Il est impossible de déterminer si c'est de la culture
celtique ou germanique que vient cet élément dans la culture britannique.
Depuis toujours, dans la mythologie européenne, les chiens ont été
associés à la mort. Dans
la mythologie germanique, le Garm est un gros chien noir qui garde la porte
du Royaume des Morts. Dans le folklore breton, le chien noir des Monts d'Arrée
représente les damnés. Dans la représentation inuite de l'au-delà,
un chien terrifiant est le gardien du monde des morts. Anubis, dieu égyptien
à tête de chien noir, accompagne le défunt vers la mort, tout
en protégeant sa dépouille. Il est le patron des embaumeurs. Dans
les pays scandinaves, on retrouve le Kirkegrim, un gros chien noir qui
garde les cimetières. - - - - - - - - - - -
Deux
chiens très ressemblants : - - - - - - - - - - -
Ils
portent, comme la plupart des chasseurs des tapisseries des chaussures à
bouts carrés, dites " chausses en patte d'ours ".
Le pèlerin est chaussé de solerets en pied d'ours.
Le nombre de chiens
De
C. G. Jung, Un Mythe moderne, Gallimard, 1961, p. 253
|
Le cheval
Le cheval est un symbole de libido dans l'acception de Jung. De même que la mère. En certaines figures, les deux symboles se rejoignent. Ainsi, Hécate, déesse des Enfers, est représentée avec une tête de cheval. Déméter et Philyra se métamorphosent en cheval pour échapper à Kronos et Poséidon. Jung écrit : " Ainsi compris, le héros et son cheval nous paraissent représenter l'idée de l'homme avec la sphère instinctuelle à lui soumise " et donne pour exemples Agni sur le bélier, Wotan sur Sleipnir à huit pattes, le dieu du bien Ahuramazda sur Angromainyu, Jésus sur l'âne, Mithra sur le taureau, Mên sur un cheval aux pieds humains, le dieu nordique de la vie et de la fertilité Freyr sur le sanglier Gullinbursti au poil d'or, etc Le
crucifix satirique du Palatin représente le Christ avec une tête
d'âne, peut-être pour rappeler la légende antique selon laquelle
on vénérait le portrait d'un âne dans le temple de Jérusalem.
Graffiti
gravé dans le plâtre sur un mur près de la colline du Palatin,
à Rome, Le
"crucifix du Palatin", graffiti découvert en 1856, représente
un adorateur du dieu à la tête de cheval ou d'âne, ici crucifié
sur une croix latine. Sous les deux figures, une inscription en grec : "
Alessamenos adore Dieu ", certainement une citation d'un disciple du culte
gnostique de Seth, qui a réinterprété comme une crucifixion
de type romain le traditionnel supplice préchrétien de l'antique
dieu égyptien du Chaos. La lettre Y isolée pourrait être une
allusion aux deux voies des défunts. http://en.wikipedia.org/wiki/Alexamenos_graffito http://www.noctes-gallicanae.fr/Epigraphie/crucifix.htm
Les chevaux sont également liés à la symbolique du feu et de la lumière, et par extension à celle de l'éclair. Jung note le cheval comme l'un des archétypes les plus fondamentaux des mythologies, proche du symbolisme de l'arbre de vie. Comme ce dernier, il relie tous les niveaux du cosmos : le plan terrestre où il court, le plan souterrain dont il est familier, et le plan céleste enfin où il s'occupe fréquemment de tirer le soleil. Le cheval a aussi un rôle de psychopompe en conduisant les morts dans l'au-delà. Des chants néo-grecs évoquent Charon à cheval. (C. G. Jung , Métamorphoses de l'âme et ses symboles, pp. 456-469) Rapprochons
cette image d'un extrait de l'Upanishad Brhadêranyaka I, 1, composé
entre -800 et -700, relatif au sacrifice du cheval : "
1- L'aurore vraiment est le chef du cheval de sacrifice, le soleil, son il
; le vent, sa respiration; sa gorge est le feu partout répandu, l'année
est le corps du cheval de sacrifice. Le ciel est son dos ; l'espace aérien,
la cavité de son ventre ; la terre, la courbure de son ventre ; les pôles
sont ses flancs, les hémisphères, ses côtes ; les saisons,
ses membres; les mois et les demi-mois, ses articulations ; les jours et les nuits
sont ses pieds, ce sont les sables du désert ; les fleuves sont ses veines,
son foie et ses poumons ; les herbes et les arbres ce sont ses cheveux. Le soleil
levant est le devant de son corps, le soleil couchant, sa croupe. Quand il montre
les dents, c'est l'éclair ; quand il frissonne, c'est le tonnerre ; quand
il urine, c'est la pluie ; son hennissement est le langage. 2
- Le jour, en vérité, est né pour le cheval comme coupe de
sacrifice placée devant lui ; son berceau est dans la mer universelle vers
le matin ; la nuit est née pour lui comme coupe de sacrifice placée
derrière lui ; son berceau est dans mer universelle vers le soir ; ces
deux coupes sont là pour entourer le cheval. Coursier, il produisit les
dieux ; combattant, les Gaugharves, coursier, les démons ; comme cheval
les hommes. L'océan est son parent, l'océan son berceau. " " Le cheval de sacrifice désigne le renoncement à l'univers... Dans le texte ci-dessus, le coursier est placé entre deux coupes de sacrifice ; il vient de l'une et va vers l'autre, comme le soleil va du matin jusqu'au soir. Le cheval étant pour l'homme monture et bête de somme et l'homme mesurant même l'énergie en chevaux-vapeur, cet animal représente pour lui une masse d'énergie dont il dispose. Il représente la libido introduite dans le monde. Nous avons vu plus haut que la libido attachée à la mère doit être sacrifiée pour produire le monde ; ici c'est le monde qui disparaît par le sacrifice renouvelé de cette même libido qui appartenait d'abord à la mère et pénétra ensuite dans le monde. Par conséquent c'est à bon droit que le cheval peut être considéré comme symbole de cette libido, puisqu'il a de nombreuses relations avec la mère. C'est donc uniquement par le sacrifice du cheval que peut se produire une phase d'introversion égalant celle qui précéda la création du monde. La position du cheval entre les deux coupes représentant la mère qui enfante et celle qui engloutit, rappelle l'image de la vie enfermée dans l'uf ; c'est pour quoi les deux coupes ont pour rôle d'entourer le cheval. " (C. G. Jung, Métamorphoses de l'âme et ses symboles, pp. 684-685) |
Les oiseaux
|