Le passé fantasmé de l'Histoire de la France - 1
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Ce
chapitre doit sa substance à l'important ouvrage de Colette BEAUNE,
Nous en citerons certains passages longuement. Nous en remercions vivement l'auteure et l'éditeur.
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Extraits de l'introduction, pp.15-17 " Sur le plan le plus simple et le plus concret, la France est un Etat, un royaume qui est le fruit d'une histoire. Celle-ci se déroule dans un temps chrétien unique et orienté qui va des débuts de l'action divine sensible dès les origines nationales, à un avenir scatologique où s'accompliront les promesses de gloire. Cette polarisation sur les origines nationales et la fin des temps fait que l'histoire de France telle qu'on la conçoit au Moyen Âge écarte presque l'histoire du présent insaisissable et multiforme. C'est surtout une histoire du passé, car l'avenir est l'affaire des prophètes et non des historiens. La nation comme tout homme, a besoin de racines. Seul ce qui a été a valeur de référence. Le passé est clair, connu, articulé logiquement, il a le poids de l'être, il rassure et il enseigne. C'est un ensemble d'exemples moraux propres à guider l'action des générations présentes. On s'y attache surtout à certains temps forts. Le premier de tous est la question des origines. [ ] L'histoire
de la nation très chrétienne est une autre histoire sainte. A la fin du XVème siècle, Jean Lemaire de Belges transforme le mythe des origines troyennes des Francs en un mythe dès origines troyennes des Gaulois. Les Gaulois sont établis en Gaule depuis des temps immémoriaux. Une partie d'entre eux est allée fonder Troie. Francion revient donc par la suite au pays de ses ancêtres. Gaulois et Francs sont des Troyens et ils ne sont qu'une seule et unique population, sans mélange aucun. Les Gaulois donnent naissance aux Francs. Ainsi une filiation unique et continue, un sang pur et non mélangé, relie la population française â ses origines glorieuses. [ ] Mais cette naissance de la nation est double comme l'est celle de tout chrétien. Les origines troyennes correspondent à la première naissance de tout individu, la naissance selon la chair. L'histoire nationale existe certes avant Clovis, mais elle est comparable à celle de l'enfant avant le baptême. Le baptême signifie la deuxième naissance, la naissance selon l'esprit. Par la conversion, la France entre dans le plan de Dieu. Les origines de la nation se décomposent donc en deux phases, une païenne dont l'héritage le plus apprécié est la loi salique une chrétienne. L'histoire de Clovis est en fait un second mythe d'origine parallèle à celui de Pharamond. [ ] Autour
de lui se constitue un cycle, qui tend à regrouper sur le premier roi chrétien
tous les attributs et toutes les prérogatives du roi de France très
chrétien. A la sainte ampoule admise depuis les Carolingiens, s'ajoutent
l'oriflamme, la guérison des écrouelles et le don des lys. "
[ Les écrouelles = adénite tuberculeuse - http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89crouelles
]
1- la Guerre de Troie
Tapisserie 2 : 'La Fontaine'
Tapisserie 3 : 'Le Passage de la rivière'
Tapisserie 4 : 'La Licorne se défend'
Tapisserie 6 : 'La Mort de la Licorne'
L'artiste de cette sixième tapisserie s'inspire largement et ouvertement des dessins du Maître de Coëtivy ou d'Henri de Vulcop dont je pense que Jean Perréal a pu être l'élève, consacrés à la guerre de Troie. La Chasse à la licorne en conte les péripéties puisque la légende des origines troyennes de la nation France, créée au VIIe siècle, perdure jusqu'à la seconde moitié du XVIe siècle. Il
reprend le schéma de la partie droite du dessin Mission d'Anténor
en Grèce et jugement de Pâris : un groupe de personnes sous une
arche, le couple enfant-chien sous lequel sont trois végétaux :
le laurier, symbole du triomphe héroïque ; le chêne, symbole
de majesté, puissance, sagesse et longévité ; l'illet,
considéré comme la fleur de France. Du dessin Quatrième
bataille : prise du roi Thoas ; la chambre de la beauté, se retrouve
l'étrange fenêtre avec une grille derrière laquelle se tient
un personnage. Du dessin Destruction de Troie, il emprunte le cheval, les
flammes que peuvent représenter le feuillage au-dessus de l'arche, des
attitudes et des visages des soldats grecs, par exemple celui au premier plan
entre les colonnes que l'on retrouve tuant la licorne. Ces dessins appartiennent à une série de huit représentant des épisodes de la Guerre de Troie. Ils sont considérés comme les petits patrons pour la tenture de onze pièces offerte à Charles le Téméraire par la Ville et le Franc de Bruges, en 1472, à l'occasion de son mariage avec Marguerite d'York. Voir F. Avril et N. Reynaud, Les Manuscrits à peintures en France 1440-1520, Paris, 1993, n°26, p. 64.
La légende des origines troyennes de la nation France, créée au 7ème siècle, perdurera jusqu'à la seconde moitié du 16ème siècle. Selon Frédégaire dans son Historia Francorum, de l'année 660, alors qu'Enée et ses compagnons fondaient Rome, le Troyen Francion (ou Francus) (frère d'Enée et premier fils d'Hector et de Friga, la reine des Amazones) et ses compagnons s'enfuient de Troie en flammes, s'installent entre Danube et Rhin, fondent Sycambria (actuellement Budapest). Ils se font appeler "Francs" c'est-à-dire "féroces". Francion sera par la suite désigné comme fils d'Hector (et cousin de Turcus, lui-même fils de Troïlus) et les Francs seront ainsi rattachés à la famille royale de Troie. Selon les Gesta Regum Francorum, de l'année 727, il s'agit d'Anténor (traître ayant introduit le cheval de bois dans Troie), du jeune Priam et 12 000 Troyens qui se font appeler plus tard "Francs" c'est-à-dire "libres de tributs". A la demande l'empereur Valentinien, ils auraient exterminé les Alains. En récompense, il leur aurait été accordé dix ans d'exemption de tribut. Anténor, personnage créé par Virgile dans son Enéide, aurait fondé Padoue et Venise. À partir du 12ème siècle, par volonté de la consolider l'histoire nationale, Saint Louis commande les Grandes Chroniques de France qui refondent celles préexistantes et reprennent le mythe des origines troyennes. Le nom latin Francus est romanisé en Francion. Cette ancienneté confère un grand prestige qui oblige à quelques accommodements avec l'histoire antique : si les historiens de l'Antiquité n'évoquent pas le nom de Francion, c'est qu'ils pensent une erreur de leur part ! tous les fils d'Hector morts à Troie. Dans ce manuscrit royal, l'enlumineur n'a représenté que les scènes glorieuses des origines nationales (ni la chute de Troie, ni la fuite). En bas du feuillet, deux anges soutiennent les armes de France aux lys semés comme à l'accoutumée sous Charles V. http://www.mediterranees.net/mythes/troie/troie_medievale.html sur
la légende de l'origine troyenne voir
aussi sur le net les miniatures extraites de : 2- le départ de Troie
Francus
et ses compagnons s'échappent de Troie en flammes. Puis, ces Troyens se seraient réfugiés en Germanie. Etablis sur les bords du Rhin, ils pénétrèrent en Gaule avec Marcomir, au IVe siècle de notre ère, sous le nom de " Francs" en l'honneur de leur ancien chef et de l'exemption d'impôt qu'ils avaient obtenue de Rome. Paris, son lointain parent, prénommé comme le prince troyen qui avait ravi Hélène, aurait construit alors sa capitale sur la Seine. " Cette légende, mise au point dès le VIIe siècle, présentait de nombreux avantages. Elle faisait croire que la France était plus ancienne que l'Empire romain, fondé, selon une légende assez semblable, par un autre exilé troyen, Enée. La construction de Paris répondait à celle de la Roma quadrata par Romulus. Or, au Moyen Age, être aussi ancien que, c'était devenir égal à ! C'était aussi avoir le droit de commander les plus jeunes. Pour plus de crédibilité, il fallait donc que la France fût une très vieille maison." (Didier Le Fur, Le royaume de France en 1500, RMN, 2010)
Grandes Chroniques de France - (FR 2813) - fol. 5v - France, Paris, XIVe s.
http://www.memo.fr/article.asp?ID=PAY_FRA_005 Les
Grandes Chroniques de France :
Dans le lignage légendaire de Troie, se plaçaient les maisons de France, de Bretagne et de Bourgogne, tandis que la maison d'Angleterre retenait l'empereur Constantin, le roi Arthur et la Table Ronde. " Pourtant, à la fin du XVe siècle, le mythe troyen commençait à être contesté par les humanistes italiens et les historiens français redécouvrirent timidement le peuple gaulois. Longtemps, ces derniers avaient été ignorés. Les Gaulois étaient un peuple de vaincus. Ils ne pouvaient raisonnablement servir à l'exaltation d'un royaume qui cherchait à montrer ses particularités et à affirmer ses différences avec les autres Etats. Un auteur, Jean Lemaire de Belges, trouva une solution qui eut un immense succès. Dans ses Illustrations des Gaules et singularité de Troie, il prétend que les Gaulois sont effectivement les premiers Français, installés en Gaule depuis la fin du Déluge. Certains étaient partis à la conquête du monde, vers l'Orient, sous la direction de Brennus. Ils y auraient fondé la cité de Troie. Francion, des siècles plus tard, n'aurait fait que revenir sur la terre de ses ancêtres. Cette
solution habile permettait de faire croire que le sang des Gaulois et celui des
Troyens étaient le même. Il était alors difficile d'admettre
qu'une nation pût être née de sangs différents. Si les origines troyennes avaient justifié l'existence des Francs puis des Gaulois, elles n'avaient pu absorber toutes les fonctions nécessaires à l'origine d'une nation. Les historiens trouvèrent les compléments ailleurs, en recomposant par des légendes un passé conduit par des souverains qui, avec l'aide de Dieu, auraient peu à peu structuré ce royaume que l'on disait être, alors, le miroir du paradis sur terre. " (Didier Le Fur, Le royaume de France en 1500, RMN, 2010) Jean
Bouchet - Lhistoire et cronicque de Clotaire premier (légende sur le dessin : Troie la grant - francus - eneas - anthenoz)
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