"
Le but du présent ouvrage sera, disons-le tout de suite, d'identifier "le
dieu-père de tous les Gaulois" avec Cernunnos,
dieu géant aux bois de cerf, dont l'effigie accompagnée d'une inscription
à son nom, fut sculptée pour la première fois à l'époque
de Tibère sur le Pilier des Nautes à Paris. " (p. 14) 
Le
Pilier des Nautes d'une hauteur de 5 m Musée de Cluny - Paris http://fr.wikipedia.org/wiki/Pilier_des_Nautes http://www.arpla.fr/canal2/figureblog/?page_id=2295 http://jfbradu.free.fr/celtes/les-celtes/cadre-art-gallo-rom.php3?#Pilier
des Nautes Dis
Pater : dieu archaïque, dieu-père, dieu chthonien,
dieu de la fertilité et des morts. Ainsi était aussi le dieu-ancêtre
des Gaulois Ce dieu (C)Ernunnos, " le dieu au front coiffé de bois
de cerf ", adopté par les Romains, est représenté pour
la première fois au début du 1er siècle, entre 14 et 17,
par une sculpture nommée (C)ERNUNNOS sur le " Pilier
des Nautes " édifié à Lutèce par les
nautes ou bateliers fluviaux du territoire des Parisii et où se
côtoient les dieux gaulois et les dieux romains dans un esprit de conciliation
et d'entraide.

Tapisserie
2 : La Fontaine
II
- Les "origines" gauloises des
rois de France ? | 1-
L'effacement, l'oubli... "
Comment expliquer l'oubli et le long silence qui ont recouvert ces origines essentielles
?
Les premiers
responsables furent les druides qui confiaient pratiquement
tout à la mémoire et interdisaient l'usage de l'écriture.
César ne pouvait se taire sur des sujets aussi primordiaux
que le sanctuaire médian et le dieu-père des Gaulois ; mais il n'avait
pas intérêt à en dire trop long sur des vérités
dont le souvenir aurait pu entretenir chez le peuple récemment soumis la
nostalgie de sa liberté passée et provoquer des résistances
et des rébellions analogues à celles dont les premiers siècles
offrent plusieurs exemples.
[Galli
se omnes ab Dite patre prognatos praedicant idque ab druidibus proditum dicunt.
Tous les Gaulois se prétendent issus du Dis pater, tradition qu'ils
disent tenir des druides. " (Commentarii de Bello Gallico,
VI, 18, 1 - Commentaires sur la Guerre des Gaules)] Quant
aux auteurs chrétiens, ils adoptèrent pour des raisons
différentes, un égal parti pris de mutisme. Par crainte de perpétuer
et de propager les croyances et les pratiques païennes qu'ils réprouvaient,
ils évitèrent soigneusement d'en parler. En Gaule, les traditions
orales qui couraient encore aux premiers siècles de notre ère, n'eurent
pas la chance d'être consignées comme en Irlande par les soins des
premiers moines.
Enfin,
les Francs nouveaux venus, peu nombreux mais maîtres puissants
et tôt christianisés, monopolisèrent l'attention. Au VIIe
siècle, ils se virent curieusement affubler d'origines troyennes et leurs
rois furent dotés d'un ancêtre nommé Faramund.
Les Gaulois disparurent de l'histoire écrite. " (p. 14) |
2-
Cernunnos A
l'arrivée des Romains, les Gaulois vénéraient Cernunnos,
dieu à la tête ornée de bois de cerf. http://www.musee-moyenage.fr/pages/page_id17992_u1l2.htm http://jfbradu.free.fr/celtes/les-celtes/cadre-art-gallo-rom.php3  | Cernnunos
jeune et imberbe est assis à la gauloise entre deux jeunes gens.
Ils
touchent d'une main la tête des serpents qui les soutiennent et de
l'autre la ramure du dieu.
Ces gestes
affirment le rapport existant entre les serpents et la nouvelle jeunesse du dieu.
|
Stèle
(Haut-Empire) de Venduvres-en-Brenne (Indre) - Musée de Châteauroux Pour
Anne Lombard-Jourdan, " Gargantua et Mélusine sont les
avatars de divinités indo-européennes conservées par les
Celtes et tiennent au vieux fonds mythologique de la Gaule protohistorique. "
Ainsi, les chapitres III, IV et V de Gargantua sont un " pastiche
du mythe du cerf et du serpent. " "
Quand changent les religions, on constate, toujours et partout, que la nouvelle
se love aux endroits déjà sacralisés par l'ancienne. "
(p. 14) http://www.ceisiwrserith.com/therest/Cernunnos/cernunnospaper.htm Le
cerf Il
y a de l'étang Dans les yeux du cerf. Eugène
Guillevic, Du domaine "Aucune
bête n'a plus que le cerf aidé l'homme primitif dans ses efforts
pour exister dans un monde hostile. Il était omniprésent dans toutes
les circonstances de sa vie et de sa mort. Pas
un pouce de son corps qui n'ait servi à quelque chose : chair, viscères,
moelle étaient consommés ; os, bois, tendons étaient utilisés
pour fabriquer des vêtements ou des outils ; les bois pilés servaient
de remèdes ; certaines parties de son corps : " os du cur ",
" crochets " ou canines atrophiées ramures du cerf ou simples
rondelles taillées dans ses meules, étaient considérées
comme des talismans possédant des vertus magiques et garantissant santé,
force et fécondité.
Les
bois de cerf étonnaient par le mystère de leur renouvellement annuel,
lequel permettait la longévité de l'animal et, croyait-on, son immortalité.
Leur possession assurait le transfert à leur détenteur de la force
physique et procréatrice des bêtes qui les avaient arborés.
Ils étaient gages de virilité, de fécondité, de richesse,
de renaissance et d'épanouissement. Ils éloignaient les sortilèges,
les maladies, l'impuissance, le mauvais il. On leur accordait déjà
cette vertu dès 4 500 ans avant notre ère. Quant
aux rondelles taillées dans les meules ou sections rénovatrices
à la base des bois, gonflements en forme d'étoiles considérés
comme le signe même de la force de la nature chaque année renaissante,
on les portait sur soi pendant la vie et dans la tombe. II était recommandé
d'en avoir une la nuit des noces. Dans
son testament, "le Lingon" recommande de brûler en même
temps que son corps, son attirail de chasse, son canot et " toutes les étoiles
en cornes d'élan ". On a trouvé de ces rondelles percées
d'un trou de suspension dans des tombes gallo-romaines, mérovingiennes
et carolingiennes, en Gaule, en Allemagne du Nord et en Hollande. " (p. 19) Cernunnos
subvient aux besoins des humains : il agit en " père ", le "
Dis pater " de Jules César : responsable et solidaire. "
Le cerf fut toujours un animal vénéré. La multiplicité
de ses figurations depuis la préhistoire en Europe occidentale en est la
preuve. " (p. 91). Les Magdaléniens ont laissé les plus anciennes
figurations de personnages masqués : " Le
Sorcier de la grotte des Trois-Frères " en Ariège http://fr.wikipedia.org/wiki/Grotte_des_Trois-Fr%C3%A8res
 
Un
sorcier ? Un chaman ? " L'Esprit de la chasse " ? 
Jetons
représentant Diane conduisant un char tiré par des cerfs datés
de - 143, - 90 et - 71
 
Déesses
de bronze trouvées : 1- à Besançon - à voir
au British Museum - Londres 2- dans le Puy-de-Dôme - Musée de
Clermont-Ferrand

Colonne
de Dobrtea (Croatie) portant une dédicace au dieu Carvonia Le
cerf et le serpent 
Détail
d'une illustration du Physiologus de Berne 2nd tiers du IXe siècle | 
Mosaïque
de pavement d'église 540 ap. n.è. Musée de Qasr
el-Lebya - Libye
|

Plaque
de bouclier, en forme de cerf - 600 av. n.è. - Musée de l'Ermitage
- Saint-Pétersbourg Les
analogies entre le cerf et le serpent ont été notées de tous
temps : le serpent mue au printemps et devint lui aussi symbole de régénération
et d'immortalité. Tous deux aiment l'eau.
Affaibli par l'hiver et un jeûne obligé,
le cerf, croyait-on, mangeait après combat un serpent qui lui transmettait
alors les forces venues des entrailles de la terre. Anne Lombard-Jourdan écrit
: " C'est là une des versions de la vision dualiste du cosmos, dont
l'unité repose sur l'union de deux principes opposés et complémentaires,
masculin et féminin, qui s'affrontent, puis s'allient. Les deux mondes,
supérieur et inférieur, sont également nécessaires
à l'équilibre cosmique. " (p. 21) "
Naribus alipedes ut cervi saepe putantar ducere de latebris serpentia saecla
ferarum. " "
aussi ne faut-il pas croire que la porte d'Orcus s'ouvre dans ces régions
et que par là les âmes soient attirées par les dieux mènes
aux bords infernaux de l'Achéron, comme les cerfs aux pieds ailés
attirent par leur simple souffle, dit-on, les serpents hors de leurs retraites,
régénération des bêtes sauvages. A quel point ces
fables sont contraires à la vérité, apprends-le, car c'est
ce sujet même que je vais traiter. "
Lucrèce, De natura rerum, livre VI, vers 764-765 
Bestiarium
- v. 1200-1210 Royal, ms. 12 F xiii, f. 19 - British Library
" Le thème du combat d'un dieu
ou d'un héros contre un serpent ou un dragon fait partie de toutes les
mythologies du globe. Les adversaires mis en présence sous l'aspect dramatique
d'un combat sont deux forces complémentaires, produit du dédoublement
d'un même sacré. Le cerf ouranien éveille et réchauffe
de son souffle la serpente chthonienne après les rigueurs de l'hiver.
De leur combat annuel, que scelle finalement leur conjonction, vient l'équilibre
de la nature. Ce moment-clé est signalé aux hommes par la chute
des bois du cerf, qui annonce sa décrépitude et sa proche régénérescence.
" (p. 28) Anne
Lombard-Jourdan conclut ainsi cette relation cerf-serpent : " le cerf est
le " vrai contraire " du serpent. "
(p. 24)
 
Le
chaudron cultuel d'argent de Gundestrup trouvé en 1891 au Jutland
(Danemark) et conservé au musée de Copenhague
 
Le gobelet d'argent aux dieux gaulois, trouvé
à Lyon En pleine période
gallo-romaine, les Gaulois continuent à honorer des divinités animales,
mi-animales ou mi-humaines. Ici : Toutatis et le sanglier - Cernunnos et le
serpent
Eglise
Saint-Patrice, Saint-Parize-le-Châtel (Nièvre)- chapiteau de la crypte
Rapace, sciapode s'abritant sous son pied, tortue, centaure sagittaire casqué
Sur
le même ensemble, le cerf et un reptile sont adjoints. 
N'est-ce
pas aussi le cas ici, dans la conjonction du cerf et de la hyène, sorte
de gargouille au cou tendu (aux coups tordus !) ? Et
rapprochons cette image de la remarque d'Anne Lombard-Jourdan selon laquelle bien
de villes possédaient un animal fabuleux et terrible, chacun avec son histoire.
Bourges avait sa " Grand Bête ", parente de la
" Gargouille" de Rouen et de la " Tarasque" de
Tarascon, du "Kraulla " ou " Grand Baîlla " de Reims,
du " Graouilli " de Metz, du " Crocodile " de Niort, et de
la " Grand' Gueule " de Poitiers. A Paris, le dragon de saint Marcel
sortit de Notre-Dame pour déambuler dans les rues lors des rogations jusqu'en
1730.
http://www.mythofrancaise.asso.fr/mythes/figures/Gargouille.htm http://www.france-pittoresque.com/traditions/24.htm http://nawsk.pagesperso-orange.fr/Gargouilles/Legendes/LegendeRouen.htm Le
cerf et la licorne ensemble  Licorne.
Français 22533, fol. 305 v.

Le
roi Nabuchodonosor rêve d'un arbre qui doit être coupé Illustration
extraite du Speculum Humanae Salvationis (Allemagne ?) - v. 1400-1500 Museum
Meermanno Westreenianum - La Haye - mmw, 10 c 23 - fol. 27v Parmi
les songes du roi Nabuchodonosor que le prophète Daniel réussit
à interpréter, il en est un qui met en scène un arbre d'une
hauteur immense : les oiseaux perchent sur ses branches et les animaux terrestres
s'abritent sous son ombre ; mais un ange ordonne d'abattre l'arbre, symbole de
l'orgueil du roi (Livre de Daniel, chapitre 4). http://www.biblical-art.com/artwork.asp?id_artwork=21397&showmode=Full
|
3-
Cernunnos, ancêtre des rois de France
" Les délicates
questions d'origine, disait Albert Grenier, sont de celles qu'évite
généralement un historien prudent. " Mais, et cette fois
c'est Marc Bloch qui parle : " L'horreur du risque et de la responsabilité
n'est pas en érudition plus qu'ailleurs un sentiment bien recommandable.
" " Pour les époques
anciennes, le rôle de l'historien, à quelque sujet qu'il s'attache,
ne se limite pas à présenter, classer et commenter des textes. Il
lui incombe aussi de combler les lacunes d'une documentation clairsemée,
par des évidences, des conjectures plausibles et soumises à contrôle
et même, au besoin, par des hypothèses, qui récapitulent les
possibilités et éclairent pour d'autres le chemin à suivre
vers la vérité. Toute source déjà utilisée
et qu'on pouvait croire épuisée, doit être examinée
à nouveau : une optique et un questionnement différents génèrent
des surprises gratifiantes. Un prudent recours à la comparaison et à
la généralisation aide à comprendre les situations assimilables.
" (p. 15) Généralement,
chaque pays possède une légende fondatrice de son origine.
Dans
les pages précédentes, nous sommes partis, vous et moi, à
la quête des origines de la France, ce malgré le manque d'historiens
antiques ou du très Haut Moyen-Âge. Nos racines furent troyennes
au VIIe siècle : longtemps, les Français se voulurent les descendants
de Francion le Troyen et des Francs. "
Il est vrai que la conquête franque agit comme un catalyseur dans une Gaule
romanisée et qui avait, semblait-il, perdu le souvenir de son indépendance
et de ses ancêtres. Ce petit peuple barbare et son chef Clovis trouvèrent
en s'installant dans le pays la stabilité qu'ils souhaitaient et la profondeur
historique qui leur manquait. Faibles en nombre, les Francs fusionnèrent
sans difficulté avec la population gallo-romaine. Et
Clovis scella cette conjonction en choisissant Paris, centre religieux de l'ancienne
Gaule, comme capitale de son royaume, et le dieu-père indigène comme
protecteur. Le mythe de l'origine des Francs fut donc institué,
et chacun se montra plus ou moins persuadé de son exactitude. Bien plus,
on créa de toutes pièces un roi franc Faramund ( " Protection
du pays "), chargé de tenir le rôle du dieu-père gaulois.
II devint l'aïeul de tous les rois de France. En diffusant le récit
fantaisiste des migrations successives des descendants de Priam depuis la Pannonie,
les clercs flattaient les maîtres du moment et oblitérèrent
du même coup le passé gaulois. " (p. 233) "
Cernunnos, divinité ancestrale de tous les Gaulois devint l'aïeul
des dynasties successives qui régnèrent sans interruption sur le
territoire de la France et qui toutes furent soucieuses de justifier les liens
qui les unissaient entre elles. L'ancêtre " commun ",
mais non ouvertement revendiqué, servit à justifier la légitimité
des souverains et à susciter chez leurs sujets cette adhésion sentimentale
que toute autorité politique doit nécessairement inspirer, mais
qui, en France, fut plus étroitement réalisée qu'ailleurs.
La paternité commune à
tous du dieu-cerf se restreignit à celle de la seule famille royale. La
croyance en l'héritage génétique de cet aïeul divin
" aux bois de cerf " fut assez forte pour que les rois de France s'emploient
à guérir les écrouelles
pendant des siècles. C'est à
cause de cet aïeul lointain que Mérovingiens, Carolingiens, Capétiens,
Valois et même les Bourbons eurent le souci permanent de justifier les liens
de parenté qui unissaient chacune de leurs familles à la dynastie
précédente. La continuité parfaite de la lignée royale
devait être assurée pour que la représentativité et
le pouvoir thaumaturgique soient conservés à tous les descendants
du même ancêtre surnaturel. " (pp. 137-138) 
Grandes Chroniques de France - Saint Louis et Saint Denis BnF, Ms.
fr. 2608. fol. 1. (bas de la page)
Les
chroniques relevent des exemples "d'apparitions" d'un cerf à
des moments-clé à Clovis, Dagobert, Charlemagne, Philippe-Auguste,
Charles VI (le songe de Senlis noté par Froissart).
http://books.google.fr/books?id=aZ-m2UYrzAoC&pg=PA269&lpg=PA269&dq =le+songe+de+charles+VI+%C3%A0+senlis&source=bl&ots=fSKssYV90T&sig =JUXrVyLZAi2oKBI6FM0ZwNXSFzc&hl=fr&ei=XgYRTfe8CoeV8QPd6aSCBw&sa =X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBgQ6AEwAA#v=onepage&q =le%20songe%20de%20charles%20VI%20%C3%A0%20senlis&f=false A
partir du 15ème siècle, le cerf devient un élément
important de l'emblématique royale française. Sous le règne
de Charles VI (1380-1422), le cerf ailé (appelé cerf
volant ou cerf de justice, dont les ailes soulignent la promptitude
de la justice royale) apparaît pour représenter le roi. 
Le
cerf blanc ailé, avec la couronne autour du cou, représente
Charles VI. Ses 20 cors correspondent à l'âge du jeune
roi : 20 ans Le cadre est bordé de demi-fleurs de lys. Le cerf est
sur un fond de gueules (rouge) et de sinople (vert) Le " jeune cerf blanc
couronné " est le " maître du parc des blanches fleurs
dorées " auquel Philippe de Mézières dédie
son Songe du vieil pèlerin - vers 1390 BNF - Arsenal - ms. 2682,
f. 34
Charles
VII conserva cette devise ; son fils Louis XI l'abandonna ; Charles
VIII et Louis XII la reprirent comme support de leurs armes, ainsi que les
ducs de Bourbon.  
On trouve l'image du Cerf Volant sur de nombreux monuments dont
furent propriétaires les ducs de Bourbon.
http://musee-anne-de-beaujeu.cg03.fr/autrefch3.htm  
L'Arrivée
de Jeanne d'Arc à Chinon - Tapisserie suisse - 15è. s. - Hôtel
Cabu - Orléans La présence
d'un cerf symbolise la résurrection et affirme que le Christ est le
guide et le soutien de l'action de Jeanne.
La
tapisserie des Cerfs ailés

La
tapisserie des Cerfs ailés entre 1453 et
1461 - Musée - Rouen |
|
Le grand cerf
ailé au milieu de l'enclos central représente le roi Charles VII
(1422-1461) au repos dans son royaume que l'enclos circulaire délimite
et qu'identifie l'écu aux fleurs de lys accroché par la guiche au
clayonnage. Les iris et les roses renvoient aussi à Charles VII "Le
Victorieux" : ces fleurs étaient ses attributs personnels. Il est
rejoint dans l'enclos par deux autres cerfs ailés plus petits, qui entrent
dans le royaume de France : ce sont les provinces de Normandie et de Guyenne,
occupées par les Anglais et reconquises après les batailles de Formigny
(1450) et Castillon (1453). Ce peut être aussi les deux fils de Charles
VII : le dauphin Louis et son frère Charles, duc de Berry. Devant
l'enclos, deux lions représentent certainement le duc de Bourgogne, Philippe
III, dit Philippe le Bon, et le roi anglais Henry VI assistant impuissants à
la perte de ces deux provinces. Le
manuscrit Le Gouvernement des princes   
Bérault
Stuart d'Aubigny, capitaine de la garde écossaise de Charles
VIII, commanda un manuscrit, le Gouvernement des princes dont le frontispice
le représente à cheval avec son emblématique personnelle
: "un lion rampant, rouge sur fond d'argent, avec de nombreuses boucles"
semées dans les broderies des sayons et des casaques, boucles destinées
à montrer sa volonté d'uvrer à unir les deux royaumes
français et écossais face à l'Angleterre, l'ennemi commun.

Sa
sentence "Distantia jungit", son écu qui a pour cimier
la licorne écossaise et pour tenants les cerfs ailés de France confirment
cette volonté d'union des rois de France et d'Ecosse. http://www.histoire-fr.com/valois_charles7_4.htm http://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9rault_Stuart_d%27Aubigny
http://pagesperso-orange.fr/jean-claude.colrat/ecossais.htm
(très beau site http://pagesperso-orange.fr/jean-claude.colrat/index-fr.htm) Dans
la Grand'Salle (aujourd'hui, Salle des Pas perdus) du Palais de la Cité
à Paris, existait, à l'initiative de Philippe le Bel, une suite
de statues des rois de France depuis Faramond. Un grand cerf en ronde-bosse figurait
parmi ces statues, entre Louis XI et Charles VII. Plus loin, était accrochée
la dépouille d'un long reptile naturalisé, " draco " ou
" anguis ", " lézarde " ou " crocodile ".
Ainsi revenait en écho le couple cerf-serpente, qui se retrouvait
aussi à la Sainte-Chapelle et au palais de Jean le Bon et Jean de Berry
à Bourges. " Le cerf avait
au Moyen Âge une grande puissance symbolique. A l'époque gauloise,
il était associé à Cernunnos, dieu de la mort et des richesses
souterraines. Il était lié aussi à l'idée de justice
puisque symbole du roi [
]
Le
thème du cerf ailé ou volant était déjà dans
l'air à la fin du XIVe siècle. Sans doute ne faut-il pas chercher
l'origine de ces ailes ailleurs que dans une augmentation d'intensité de
ses qualités physiques. Déjà
dans l'Antiquité, on vantait sa vélocité extrême :
Lucrèce, Virgile, Ovide parlaient de cervi alipedes ou de cervi
volucres. Les ailes le rendaient plus rapide encore ; elles accentuaient son
caractère d'animal surnaturel et psychopompe. Dans la littérature
médiévale, le cerf conduisait les morts vers l'Autre monde ; il
entraînait les héros pour leur révéler des vérités
cachées ou les guider vers une destination enchantée ; il pouvait
être oraculaire.
Il semble
que Charles VI ait emprunté à son oncle, Louis II de Bourbon (1337-1410),
l'emblème du cerf ailé que celui-ci avait sans doute emprunté
en Angleterre et qu'il utilisait "n'ayant mot aucun qui lui donnast
lumière ". Le songe de Charles VI lui donna un sens et Froissart
une histoire. Le " cerf volant couronné d'or au col " devint
l'animal symbolique des rois de France, qui l'adoptèrent comme support
de leurs armes. Vers la même époque, le roi d'Angleterre Richard
II (1377-1399) eut, comme Charles VI, pour emblème un cerf blanc. "
(p. 155)
" Le cerf du songe
de Charles VI avait des ailes, mais pas de collier. Le collier doré qui
entre dans l'élaboration de l'emblème royal participait à
une autre tradition héritée du passé gaulois. C'était
la torque d'or (on dit la ou le
torque) qui ornait le col du dieu " aux bois de cerf " sur toutes ses
effigies. C'était un signe sacré indiquant puissance et autorité.
" (p. 155)  Statue
tricéphale de Cernunnos portant le torque IIème siècle
ap n.è. trouvée à Condat-sur-Trincou (Dordogne)
http://jfbradu.free.fr/celtes/les-celtes/cadre-art-celtes.php3 http://jfbradu.free.fr/celtes/index-celtes.php3 
détail
du chaudron de Gundestrup | Henri
Baude (1415-1490 ? ) auteur de poèmes satiriques. Il fut l'un des protagonistes
de la Praguerie qui eut lieu de février à juillet 1440, révolte
des princes dont le futur Louis XI de France fut le chef. Il revint sur ses intentions
et se remit au service de Charles VII de France. sous
l'apparence d'un chien, Henri Baude hésite entre deux partis : rester fidèle
au roi Charles VII, le grand cerf, ou suivre le dauphin rebelle, Louis futur XI,
le petit cerf. Les pattes antérieures
du chien hésitant bondissent en avant, les pattes postérieures restent
au sol.
BNF, ms. latin 6222, fol.
36 - in Anne Lombard-Jourdan, Aux origines de carnaval |
On
ne possède, semble-t-il, aucune représentation des armoiries de
Charles VI avec pour supports les deux cerfs ailés. Ils apparaissent sous
Charles VII et Louis XI et seront remplacés plus tard par des anges ou
par saint Michel. La
guérison des écrouelles Marc
Bloch le précise grâce aux documents dans Les Rois thaumaturges
(1924 et Gallimard, 1983) : de Robert le Pieux (996-1031) à Charles X,
couronné en 1825, tous les rois de France soignèrent les écrouelles
; ils montrèrent en même temps leur sollicitude pour leurs sujets
souffrants et le caractère surnaturel de leur pourvoir royal.
Le
mot " écrouelles " vient
du latin scrofa = truie. L'étymologie exprime l'aspect dégoûtant
des symptômes et a donné scrofule et scrofuleux. La
maladie est également appelée, en latin, struma ou morbus
regius = mal royal, d'où dérive le français le mal
le roi et l'anglais King's evil. Les écrouelles sont une
maladie d'origine tuberculeuse (adénopathie cervicale tuberculeuse chronique)
provoquant des fistules purulentes localisées sur les ganglions lymphatiques
du cou. Elle se nomme aussi scrofule.
Quel
point commun avec le cerf ? Aux deux
côtés du cou du cerf se trouvent des glandes lymphatiques qui forment
une série de " nuds ". Le même mot sert à
désigner la chair environnante. Les traités médiévaux
de vénerie nomment " nuds du cou " la chair cerf située
aux côtés du cou et jointe aux épaules sur une longueur de
trente centimètres environ. Elle faisait partie des " menus droiz
", fins morceaux réservés au " maître de la chasse
". A la sortie de
l'hiver, le cerf est affaibli ; très sensible aux mycobactéries
responsables des différentes tuberculoses, le cerf sent ses ganglions rétropharingiens
et ses amygdales gonfler et s'enflammer, provoquant des abcès fistuleux,
qui peuvent s'étendre au thorax et à l'abdomen. " On avait
également remarqué que le cerf, guidé par son instinct, se
soignait en mangeant un serpent, puis en buvant abondamment. Et on avait pu constater
que, désormais purgé, il rajeunissait et que ses bois et son poil
repoussaient plus beaux qu'auparavant. Celse apprend qu'au 1er siècle de
notre ère, les " gens de la campagne " (rustici), à
l'instar du cerf, mangeait un serpent pour réparer leurs forces. "
(p. 179) Les hommes et les porcs en mauvaise santé souffraient des mêmes
lésions. La truie avait la réputation de manger les serpents. "
Ceci est à mettre en rapport avec la personnalité mythique de l'animal
qui, sur certains points, s'apparente à celle du cerf. La tuerie du cochon,
rituelle et communautaire, et le lexique cohérent qui y est attaché,
rappellent la mise à mort et le dépeçage du cerf. Au temps
de Louis-Philippe, on donnait encore en Normandie, le nom de " fête
à la courée " au repas qui suivait la mort du cochon et où
étaient servis tous les abats qui ne vont pas au saloir. " (p. 179)

Jean
Fouquet - Le toucher des écrouelles - Heures du roi Henri II BnF - département
des Manuscrits - Latin 1429, fol. 107v.
Dans
ce livre d'heures, cette image précède un office de saint
Marcoul. Dans une église de style Renaissance qui évoque,
théoriquement l'église de Corbény près de Reims, le
roi Henri II touche pour la première fois les écrouelles après
son sacre. Le roi est au centre de l'image. Les scrofuleux, deux par deux, hommes
et femmes, forment une longue file derrière le couple agenouillé
aux pieds du roi. Celui-ci fait le signe de la croix sur le front de l'homme qui
a posé son bâton et le foulard qui cache normalement ses tumeurs
au cou. L'attitude émerveillée des assistants laisse supposer un
miracle. À droite, un huissier portant masse et un ecclésiastique
de haut rang. http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89crouelles
Carnaval "
Répétons-le une fois encore : à la sortie de l'hiver, le
cerf mange le serpent, puis boit abondamment et dès lors rajeunit. L'événement
annonce l'explosion vitale de la végétation et de la faune et le
retour du printemps. Cernunnos, " le dieu-père aux bois de cerf "
a remis en branle le mécanisme du monde et assuré la continuité
de l'Univers.
Mais,
pour assurer cette " re-naissance ", un rite doit chaque année
réactualiser le mythe. L'homme doit s'associer et aider au retour cyclique
du printemps : c'est Carnaval. Le dieu-père a délégué
ses pouvoirs au roi, son descendant et son héritier, qu'il règne
en France ou en Angleterre. Celui-ci a la tâche d'entretenir la vie, d'assurer
la santé défaillante des hommes, de guérir les écrouelles.
Le " toucher royal " était considéré comme garant
de l'existence et de la santé de la collectivité, et on comprend
mieux dès lors, l'attachement viscéral que lui portaient les populations.
" (p. 182) |
4-
Le cerf et le christianisme "
Le Christ : " le cerf des cerfs " parangon de tous les catéchumènes
" (p. 43) "
On reste stupéfait de l'abondance des comparaisons symboliques et didactiques
que la réflexion médiévale put établir entre la nature
et les comportements du cerf et ceux de l'homme.
Considéré
comme psychopompe et prophétique, le cerf, figure majeure de l'univers
celtique, conduisait l'homme dans l'Au-delà, dévoilait les secrets
et révélait les trésors. Sous cet aspect aussi, il passa
dans l'univers chrétien ; il décela l'emplacement des reliques,
indiqua les lieux où devaient être fondés les sanctuaires,
provoqua des conversions. Jadis monture
de l'enchanteur Merlin, il fut domestiqué et chevauché par des saints,
tels saint Edern et saint Hélo en Bretagne ou sainte Mildred en Angleterre.
De futurs abbés utilisèrent sa peau taillée en fines lanières
mises bout à bout pour délimiter les étendues considérables
qu'ils voulaient se faire concéder. Eustache, Julien puis Hubert, chasseurs
invétérés, se trouvèrent soudain en présence
d'un grand cerf dans la forêt et leurs chiens s'immobilisèrent tout
à coup. Ce face-à-face solennel a inspiré aux artistes bien
chefs-d'uvre. Quelquefois le cerf
porte un crucifix entre ses bois et il prend la parole : à Eustache il
dit : " Pourquoi me poursuis-tu ? Je suis Jésus-Christ que tu honores
ignorament " ; et à Julien : " Tu me poursuis, toi qui tueras
ton père et ta mère. " (p. 27) Charles
VIII dédia la chapelle du château d'Amboise à saint Hubert.
Un bas-relief sur un linteau de porte montre le cerf, poursuivi par les chasseurs
et les chiens, une croix entre les ramures : représentation de Jésus.
Ce thème christianisant vient du folklore de l'Inde, voire de l'Arménie.
Avec le christianisme, la ramure
du cerf fut attribuée au diable !  Psautier
de Paris Eadwine - BnF Le Christ tenté par un shaman-diable aux
bois de cerf
Le Psaume 42
(2-3) interpréta le mythe du cerf et du serpent et le christianisme s'appropria
une partie du symbolisme du cerf pour développer des thèmes de la
nouvelle religion et attirer ceux qui étaient restés fidèles
aux mythes anciens. Version Louis Segond
: Comme une biche soupire après des courants
d'eau, Ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu ! Mon âme
a soif de Dieu, du Dieu vivant : Quand irai-je et paraîtrai-je devant la
face de Dieu ? Version Abbé Crampon : Comme
le cerf soupire après les sources d'eau, ainsi mon âme soupire après
toi, ô Dieu. Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant : quand irai-je
et paraîtrai-je devant la face de Dieu ?
"
La mythologie chrétienne du Moyen-Âge se présente bien en
définitive comme une mythologie païenne christianisée. "
(Philippe Walter) " La chasse
au cerf était la réactualisation symbolique du geste archétypal
qui tuait l'animal pour l'offrir au dieu des animaux avant de partager son corps
et de le consommer en groupe. Longtemps répété et transmis
par tradition, le rituel fut codifié dans les traités de vénerie
à partir du XIIè siècle. II s'est perpétué
jusqu'à nos jours presque intact et conserve un quelque chose qui n'est
pas entièrement profane.
Le
dieu " aux bois de cerf " et la serpente aquatique et nourricière,
désormais dissociés, poursuivirent parallèlement leurs carrières
dans la Gaule profonde, personnifiés en géant Gargantua et en fée
Mélusine. On les retrouve ensemble dans le Berry. L'Église
contribua sans doute à les séparer en christianisant le cerf avide
de l'eau du baptême et en infernalisant la serpente, devenue créature
de Satan. C'est à ce prix qu'ils purent survivre, vestiges adultérés
et désolidarisés des protagonistes de l'ancien mythe.
Le
blocage ecclésiastique dut être bien puissant pour tenir en respect
les aspirations nostalgiques des peuples attachés à leurs croyances
et à leurs traditions. Les clercs, maîtres de l'écrit, décidèrent
de faire disparaître celles-ci en observant à leur égard un
silence presque absolu. Ils censurèrent et remanièrent les chansons
de geste et les romans courtois eux-mêmes, avant de les confier aux jongleurs,
dont ils se méfiaient. Très religieuse, la cour capétienne
laissa faire. On notera que certains sujet comme la lutte du cerf et du serpent,
Gargantua, la Mesnie Hellequin, la guérison des écrouelles, furent
presque totalement bannis de l'iconographie médiévale. " (p.
237) |
5-
La Passion... de la chasse... La
chasse au cerf Les
Gallo-romains poursuivirent l'habitude gauloise de la chasse au cerf.
A
l'exception de Henri III, tous les rois du 16e siècle ont été
des chasseurs passionnés. Charles VIII, pour qui Guillaume Tardif rédige
un Traité de l'art de la fauconnerie, préfère le vol
et dépense plus de 20 000 Livres pour ses chasses. Louis XII, également
fervent du vol, possède quatre douzaines d'éperviers. Mais il aime
aussi chasser " à cor et à cris ". Quant
à François 1er, son surnom de " père des Veneurs "
paraît entièrement justifié car c'est apparemment à
son initiative que l'on commence, à cette époque, à courre
le cerf en toute saison. " Mais ce fut
sous les derniers Valois que la chasse au cerf atteignit la perfection.
On se préoccupa d'aménager les forêts en vue de la chasse
à courre, qui réclame des forêts ouvertes, des futaies hautes,
des fourrés riches mais pas trop épais, pour permettre la course
des chevaux. François 1er, considéré comme "
le père de la Vénerie ", mourut à Rambouillet, le 31
mars 1547. Il déclarait : " Vieux et malade, je me ferai porter à
la chasse, et peut-être que mort je voudrai y aller dans mon cercueil."
Pour le seul plaisir de les contempler, il fit transporter, en 1529, certains
de ses bois de cerf du château de Blois à celui de Fontainebleau.
" (p. 98) ------------------------------------------------- Dès
lors que la licorne appartient à la symbolique du Christ, la chasse
à la licorne, parodiant toute chasse de poursuite et d'hallali (cerf,
sanglier) pouvait être la représentation de La Passion christique.
 miniature
du Livre des Merveilles de Marco Polo La chasse à la licorne
blanche - vers 1410 - BNF L'artiste
(Jean Perréal ?) a dû participer dans ses jeunes années à
une telle chasse royale ou princière. Aucune phase de cet événement
ne lui était donc étrangère. De plus, certains livres étaient
consultables comme :
1. Henri de Ferrières - Livres du roi Modus et de la reine Ratio
(attribution incertaine) - entre 1354 et 1376 - Prose en français, à
l'exception du prologue, du chapitre 118 et de l'épilogue en vers.
2- Gace de la Buigne - Le roman des deduis - entre 1359 et 1377
- dédié à Philippe II le Hardi, duc de Bourgogne (1342-1404)
- 12210 vers octosyllabiques à rimes plates en français Incipit
: " Gace de le Buigne, jadiz premier chapellain
de tres excellent [prince], le roy Jehan de France, que Dieu assoille, commença
ce Ronma[nt] des deduis a Heldefort en Engleterre l'an mil CCCLIX du com[mandement]
du dit seigneur... Ycy commence le Ronmans des deduis. Entens cy, tu qui
veulz savoir des faucons et les veulz avoir bons, hautains et bien entechiez!...
"
3- Gaston Phbus (Gaston III dit Fébus ou Phébus, Phbus,
1331-1391, comte de Foix, vicomte de Béarn) - Le Livre de la chasse
- entre 1387 et 1391 - Prose en français - Traité sur la chasse
inspiré notamment des Livres du roy Modus et de la royne Ratio d'Henri
de Ferrières.
4- Jacques de Brézé (v1440-1494) - La Chasse - après
1481- 55 strophes de 10 vers en français Incipit
: " La Chasse faicte et composee par messire Jacques
de Breszé grant seneschal de Normandye. La veille d'une Saincte Croix de
may, au matin me levay, mon lymier au poing pour au boys aller en queste
ou je pourray, pour veoir se je rencontreray de cerf qui me plaine a chasser...
" Éditions
modernes - Le livre de la chasse du grand sénéchal de
Normandie, éd. Jérôme Pichon, Paris, 1858. - Jacques
de Brézé, La Chasse, les Dits du bon chien Souillard
et les Louanges de Madame Anne de France. Éditions critiques publiées
par Gunnar Tilander, Lund, Blom (Cynegetica, 6), 1959, 100 p.
5- Jacques de Brézé - Dits du bon chien Souillard
- après 1481 - 50 vers en français - Bibliothèque nationale
de France, 12398, f. 145-145v, XV. Incipit : "
Je suis Souillart, le blonc et le beau chien courant, de mon temps le meilleur
et le mieulx pourchassant... " Édition
ancienne Jacques de Brézé, Le Livre de la chasse du grant
seneschal de Normendie. Les Ditz du bon chien Souillard qui fut au roy de France,
XIe de ce nom, Paris, Pierre Le Caron, v. 1494, 12 f. Éditions
modernes Jacques de Brézé, La Chasse, les Dits du bon
chien Souillard et les Louanges de Madame Anne de France. Éditions
critiques, éd. Gunnar Tilander, Lund, Blom (Cynegetica, 6), 1959.
6- Guillaume Dubois, dit Guillaume Crétin (v.1460 -1525) - Le
Debat de deux dames sur le passetemps de la chasse des chiens et oyseaulx -
fin du XVe siècle - 1 280 vers décasyllabiques en français
- Dialogue sur la chasse s'inspirant fortement du Roman des deduits de
Gace de la Buigne.
7- Louis de Gouvis
- Nouvelin de venerie - fin du XVe siècle - dédié
à Charles IV, duc d'Alençon, comte de Perche (1492-1525) - adaptation
du Livre de chasse de Gaston Phébus - Manuscrits en français
: Paris, Musée du Petit-Palais, Dutuit, 217, XV - In-fol. ms. du xv siècle,
sur vélin, avec 20 gr. miniatures et lettres-titres en or et en couleur. Allez,
à cheval ou à pied, en avant
le cerf ou la licorne nous attend

"
Comment on doit faire l'assemblée " 
" Comment on doit reconnaître un cerf par les fumures. " | 
"
Comment reconnaître un cerf par ses bois. " |

Gaston
Phébus - Livre de chasse - Paris - XVe siècle Comment
l'assemblée se doit faire en été et en hiver BnF - Département
des manuscrits - Français 616 folio 67
Tandis
que les valets déjeunent sur une simple nappe, les guides déposent
sur la table de Gaston Phebus les fumées, c'est à dire les crottes
du gibier dont ils ont suivi la trace. La
chasse est en route... 
"
Comment on doit laisser courir le cerf. " 
Lucas
Cranach l'Ancien - 1529 Chasse au cerf de l'électeur Frédéric
le Sage (détail) Kunsthistorishes Museum - Vienne | |
La
licorne de La Chasse se comporte comme un cerf aux abois. Frise
des cerfs de Lascaux (Dordogne) - galerie la nef - 17 000 av.n.è. | Cinq
têtes de cerfs peintes (quatre en noir et une en brun foncé) : têtes
de profil, ramures vues en perspective, oreilles plantées sur l'encolure.
Les cerfs traversent-ils un cours d'eau,
les têtes seules hors de l'eau ?
Ou
bien ce " ralenti à effet Marey " décompose-t-il le mouvement
d'un seul cerf ? |

Rester
coiffé, malgré la vitesse et le vent ! 1-
tapisserie 1 2- tapisserie 4 3- détail de la tapisserie Le
Départ pour la chasse - Musée National du Moyen Age - Paris

Le
bête traquée parfois se défend et porte des coups qui peuvent
blesser ou tuer. Mais
bientôt, c'est l'hallali : l'heure de la mort est proche... La
bête est tuée. 
Après
la curée, les chiens ont besoin de soins divers. 
Un
chasseur a-t-il déjà vu le cerf tué ressusciter ? D'après
des manuscrits du 17è.s. (BnF, Ms. fr. 7883) Vennerie
Le
Roy a une vennerie qui s'appelle la Vennerie des toiles, là où sont
cent archers sous le capitaine des toiles, à cent sols le mois, qui ne
servent que de dresser les toiles et portent grands vouges à pie. Et sont
tenus les dicts archers, quand le Roy va à la guerre en personne, aller
avec lui pour tendre ses tentes, et sont compris du nombre des gardes quand le
Roy est en camp. Et
il y a cinquante chariots, six chevaux à chacun chariot, qui ne servent
que de mener les toiles partout où le Roy va, et les planchers pour les
tentes. Le capitaine a aussi six valets de limiers et douze veneurs à cheval
et son lieutenant. Et
est pour l'heure presente capitaine desdictes toiles un gentilhomme de Normandie
qui s'appelle Monsieur d'Annebault et a cinquante chiens courans et six valets
de chiens pour les panser, et ont pareil traittement aux aultres ci devant, excepté
que la dite chasse de toiles ne monte chacun an qu'à dix huit mil francs.
Et pourtant
ay bien voulu donner à entendre que c'est de la vennerie de France, pour
ce que peu de gens l'entendent. Cy
devise de l'estat de la fauconnerie du roy de France Premierement,
la faulconnerie du Roy est une chose ordinaire et a le grand fauconnier qui
est un fort bel office en France, et c'est pour l'heure presente ung honeste gentilhomme
et de bonne maison qui s'appele René de Cossé, premier pannetier
de France. Le dict
grand fauconnier a d'estat quatre mil florins et a cinquante
gentilshommes soubz luy qui ont bon estat, et cinquante
fauconniers aides, et ont les dictz gentilshommes cinq ou six cens
frans d'estat et les aydes deux cens francs ; et depart le dict grand fauconnier
tous ces estats et a bien trois cens oyseaux
soubz luy. Et peult
le dit grand fauconnier aller voller par tout le royaume de France ou bon
luy semble sans que personne luy en puisse donner empeschement, et tous les marchans
d'oiseaux luy doibvent tribut et n'oseroient vendre un oyseau en ville du royaulme
de France, ny à la cour, sans le consentement du dict grand fauconnier,
sur peine de confiscation de touttes leurs marchandises. Et
a le dict grand fauconnier plusieurs beaux droicts, et fault que le Roy
luy achepte tous les oyseaux, et a un controlleur, un tresorier et gens ordonnez
pour ces paiemens aussy bien que pour la vennerie ou autre estat du royaume de
France ; et sont tousjours ordinaires suyvant le Roy partout où il va,
aussy bien que font les venneries, osté que, quand on vient à l'esté,
ils vont mettre leurs oyseaux en meue, mais tousjours il en demeure quelque nombre
pour voller les perdreaux avec les vautours, les lannerets et les tiercelets.
Et y a une autre façon
de faire merveilleuse belle entre la venerie et la fauconnerie, car quand ce vient
à la Saincte Croy de may, qui est le temps de mectre les oyseaux en mue,
les veneurs viennent tous habillés de vert avec leurs trompes et les gaulles
vertes et chassent les fauconniers hors de la cour, pour ce qu'il fault qu'il
mettent leurs oyseaux en mue, et le temps des veneurs approche pour courre les
cerfs à forces. Et
quand on vient à la Saincte Croix de septembre, le grand fauconnier
vient à la cour et chasse tous les veneurs hors de la cour, pour ce qu'il
est temps de mettre les chiens aux chenils, car les cerfs ne vallent plus rien.
Mais le
Roy qui est à présent faict tout autrement, car il chasse
hyver et esté et prend beaucoup plus grand plaisir
à la vennerie qu'il ne faict à la fauconnerie, et peult
monter la despence de la fauconnerie à trente six mille francs, sans l'estat
du grand fauconnier. |
Le
livre de Gaston Phbus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaston_III_de_Foix-B%C3%A9arn
http://classes.bnf.fr/phebus/index.htm Un
site excellent sur les peintures des Cranach père et fils : http://julie.faure-brac.over-blog.com/article-etudes-des-tableaux-de-cranach-41212302.html Cliquer
sur tous les liens : projet en cours - Article 1 - Article 2
- Article 3 - Article 4
un autre sur les Cranach : http://ap.over-blog.org.over-blog.org/article-carnages-chez-cranach-1-reperages--40562676.html
Un
site intitulé : Chasse et littérature cynégétique http://www.arlima.net/ad/chasse.html Un
site sur le livre de Guy de Laporte, Chasse à courre, chasse de cour
: fastes de la vénerie princière à Chantilly au temps des
Condés et des Orléans, 1659-1910, Renaissance Du Livre, 2004 http://books.google.fr/books?id=AAsWDWIzmPcC&pg=PP1&dq=Guy+de+Laporte,+Chasse+%C3%A0+courre,+chasse+de +cour&cd=1#v=onepage&q&f=false Les
quatre tapisseries des Chasses du Devonshire - Arras( ?) - milieu du 15e s. Victoria
et Albert Museum - Londres http://www.vam.ac.uk/content/articles/t/devonshire-hunting-tapestries/ 

scènes
de chasse - Pompéi 
tapisserie des Hommes sauvages - v. 1470 -1480 - Historisches
Museum - Bâle Un
site sur les uvres d'Emmanuel - Yves Monin relatifs à la chasse http://e.y.monin.free.fr/articles/chasse3.html visiter
le reste du site http://e.y.monin.free.fr |
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